Les mobile-homes ont été installés mardi, sous les yeux de riverains mécontents. Pionnier dans la métropole nantaise, ce projet vise à accueillir temporairement les familles en attendant qu’elles rejoignent un logement social.
Le terrain d’insertion temporaire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) verra finalement bien le jour. Pionnier dans la métropole nantaise, ce projet vise accueillir des familles Roms pour une durée de quatre mois renouvelables, en attendant leur intégration dans un logement social. Mardi, les 14 mobile homes destinés à héberger les futurs occupants ont été installés au lieu-dit L’Ormelière.
Pour l’occasion, quelques dizaines de riverains se sont réunis toute la matinée pour signifier leur désapprobation. Pour eux, la pilule est particulièrement difficile à avaler. En février 2024, le Conseil d’État leur avait donné raison en retoquant le projet de la municipalité. Les travaux avaient d’ailleurs été stoppés du jour au lendemain avant de reprendre un an plus tard.
Incompatible avec le PLUm
«Le projet ne nous semblait pas pertinent pour plusieurs raisons, rappelle Luc Vandeputte, président de l’Association des Villages Réunis de Saint-Herblain Ouest qui a porté l’affaire devant le tribunal administratif. D’abord pour une préoccupation environnementale, car il s’agissait d’une zone agricole, zone humide, qui accueillait des oiseaux migrateurs (plus de 40 espèces d’oiseaux identifiées), mais aussi pour des raisons de zonage (des logements sur une zone agricole)».
Dans sa décision, le Conseil d’État a estimé que le zonage Acl4 du terrain n’était pas compatible avec un projet de «logement, hébergement». La municipalité, qui pensait de son côté le faire passer en équipement d’intérêt collectif, a donc demandé à la métropole de modifier le PLUm en transformant l’emplacement en Acl3. Ce nouveau zonage a permis à la municipalité de reprendre le projet dans les règles et de contourner la décision de la plus haute juridiction. Bien que légale, cette manière de faire a sidéré les élus de l’opposition municipale et les voisins qui y sont opposés.
«Je comprends leur étonnement, qui a aussi été le nôtre lorsqu’on a monté le dossier. Les services qui ont instruit le projet nous avaient assuré que le zonage était le bon», répond Jocelyn Gendek, conseiller municipal de la majorité, en charge de la Tranquillité publique et de la prévention des risques. «Quand la décision de justice est tombée, on s’est rendu compte qu’on avait la possibilité de modifier le zonage car il y avait un flou juridique sur ces terrains d’insertion», poursuit celui qui était sur place mardi matin.
Absence de concertation
«L’ambiance était courtoise», témoigne l’élu qui a recueilli les plaintes des manifestants. Parmi elles, le coût (1.150.000€), l’absence de concertation et des interrogations sur le fond. «Nous sommes en contact avec des familles Roms et nous avons compris, en échangeant avec eux, que cette démarche ne correspondait absolument pas à leur attente, ni à la culture de cette population qui préconise la vie en communauté. Si la multiplication des bidonvilles pose un véritable problème sur la métropole nantaise, la formule des terrains d’insertion ne participera absolument pas à leur résorption», énonce ainsi Luc Vandeputte.
«Sur les 3000 personnes Roms de la métropole, une grande partie souhaite vivre normalement, en dehors d’une caravane, dans des conditions acceptables», rétorque de son côté l’élu Jocelyn Gendek. Aussi, «au sein des bidonvilles, il y a des notions d’emprise. Vous avez un chef de camp qui se permet de ponctionner le peu de ressources que peuvent avoir certaines familles. Or, il y a des familles qui veulent vraiment sortir de ces bidonvilles et intégrer un parcours résidentiel classique». Les familles attendues sur le terrain herblinois devraient faire partie de cette catégorie, avec des parents travailleurs et des enfants scolarisés.
Concernant l’aspect financier, le conseiller municipal indique que la ville prend en charge 200.000€, le reste étant subventionné par l’État et la métropole. Quant à la concertation, les riverains, qui demandent depuis des mois à être reçus, devraient l’être sous quinze jours, afin de se voir présenter le fonctionnement du terrain et le règlement intérieur. «On fait ce qu’on dit. C’était un engagement de campagne», souligne Jocelyn Gendek, alors qu’un deuxième projet similaire est à l’étude. «Souvent ce genre de projet suscite l’adhésion sur le fond mais pas quand cela est réalisé à proximité de chez soi. On sait que le sujet se prête difficilement à la concertation», insiste l’élu. Les familles, en train d’être sélectionnées, devraient arriver fin juin. Elles devront verser une indemnité d’occupation mensuelle s’élevant à 50 euros pour un T3, et 60 euros pour un T4.