Vainqueur le week-end dernier du Grand Prix de Valberg, deuxième manche de la Coupe de France N3 (voir classement), Nicolas Dricot a signé la plus grande performance de sa jeune carrière. Le Belge de 24 ans revient sur son succès et raconte à DirectVelo son parcours particulier. Doctorant en physique, le pensionnaire de Grenoble Métropole Cyclisme 38-EF concilie passion pour le vélo et recherche scientifique.

DirectVelo : Tu obtiens ta première victoire en France ! Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Nicolas Dricot : Je ne sais pas, parce que comparé à beaucoup d’autres coureurs qui ont l’ambition ou l’espoir de faire de grandes choses. Chez moi, ce n’est pas vraiment mon objectif de passer à l’échelon supérieur ou d’être remarqué par les plus grandes équipes. Bien sûr, cette victoire représente un accomplissement personnel, c’est chouette de voir son travail payer. Mais ce n’est pas non plus une libération dans le sens où je n’en ai absolument  pas besoin.

« C’ÉTAIT DOMMAGE DE DEVOIR ARRÊTER LE VÉLO À CAUSE DE L’UNIVERSITÉ »

Comment s’est déroulée ta course ?
On a mis en place une superbe stratégie qui consistait, dès le deuxième GPM, à essayer de se détacher du reste du peloton. Je suis parti dans un groupe de huit, avec un de mes équipiers. Dans le GPM suivant, on a vraiment essayé de forcer les équipes dans le peloton à rouler sur nous, pour que nos coéquipiers puissent profiter du travail des autres. Mais si elles ne roulaient pas, évidemment c’était en notre faveur. C’est ce deuxième cas qui s’est produit et on s’est retrouvés au pied de la dernière montée, avec 3 minutes d’avance sur un groupe de contre. Mon équipier a fait un sacré boulot, il a passé un gros relais dans la partie la plus raide à plus de 10%. Et c’est là que j’ai attaqué, et seul un coureur a pu me suivre, Finnegan Murphy, le 2e de la course. On a collaboré jusqu’aux derniers kilomètres, où on a commencé à s’attaquer l’un à l’autre, sans succès. J’ai lancé mon sprint aux 300 mètres, c’était assez loin mais il était à bout de force et j’ai pu le décrocher complètement.

Pour revenir un petit peu sur ton parcours, quand as-tu commencé le vélo ? 
Mon papa a fait quelques cyclosportives, mais j’ai commencé le vélo de manière occasionnelle quand j’étais adolescent. J’ai fait du VTT une fois par semaine environ, sans rien de compétitif. Finalement j’ai vraiment commencé au début de mes études. Mon papa m’a acheté un vélo de route vers 17 ans. Pendant l’été, je me suis découvert à aimer ça. C’était dommage de devoir arrêter le vélo à cause de l’université, donc je me suis acheté un home trainer. Après mes journées en cours, j’allais sur le home-trainer sur Zwift. C’est par là que j’ai commencé à accrocher le plus au vélo et ça m’a permis de faire des efforts intenses et de me mesurer aux autres. Un peu plus tard, le Covid est arrivé et les cours avaient lieu en ligne. Je suivais les vidéos des cours le matin et l’après-midi je montais sur mon vélo, et j’allais m’entraîner, à chercher des segments Strava. C’est par Zwift et par Strava que je me suis rendu compte que je n’étais déjà pas trop mauvais. Je me suis inscrit dans un club, et petit à petit j’ai commencé à disputer quelques courses chez moi en Belgique. 

Après 5 ans d’études, tu poursuis actuellement une thèse de doctorat en physique en Belgique et à Grenoble. Est-ce que cela a eu un impact sur ta pratique du cyclisme ?
La charge mentale était vraiment trop importante, et donc l’année passée, j’ai quasiment arrêté de rouler pendant de nombreux mois. Je roulais peut-être 4 à 5 heures par semaine, la forme était forcément mauvaise. Et puis, petit à petit, j’ai repris l’envie et le plaisir de faire du vélo. Maintenant, je n’ai plus d’entraîneur, je m’entraîne un peu au feeling, et comme j’en ai envie, mais pour le plaisir. Ma forme actuelle est très bonne, elle continue de progresser, et je peux m’exprimer sur des courses comme samedi dernier. Les longs efforts sur des pentes raides me correspondent le mieux.

« VIENS AU GMC, IL Y A UNE CHOUETTE AMBIANCE »

Cette année, tu as donc rejoint Grenoble Métropole Cyclisme 38, cela t’a permis de passer un nouveau cap ?
Pour la petite histoire, quand je suis arrivé à Grenoble je savais que j’avais une bonne forme pour participer à des cyclosportives. J’ai demandé à mes connaissances qui m’ont dit : « Viens au GMC il y a une chouette ambiance ». À l’origine, je n’avais pas du tout prévu de participer à des compétitions. Finalement, j’en ai fait une, une course en Open 1 et j’ai fini 2e, et ça m’a motivé à continuer. Je me suis vraiment découvert et épanoui dans cette équipe qui m’a permis de faire un très beau programme en début de saison, avec des courses comme Annemasse-Bellegarde et Bourg-Arbent-Bourg où je n’ai tout de même pas trop mal performé (voir sa fiche DirectVelo). Le club est capable de nous emmener sur de chouettes courses, comme le Tour du Pays d’Issoire…

Une course où tu t’es illustré en terminant 11e du classement général. C’est donc une première partie de saison réussie ? 
Mes toutes premières semaines de ce début de saison, jusqu’à Annemasse, ont été vraiment très bonnes parce que j’ai eu la chance d’être en très bonne forme. Après, je crois que j’ai commencé à un peu trop enchaîner les week-ends de course, et la fatigue, s’est fait ressentir, ou en tout cas, la performance était un peu moins bonne. J’ai donc pris un peu plus de repos, il y a quelques semaines, avant de me replonger au Pays d’Issoire, et samedi dernier à Valberg. Ce repos m’a fait beaucoup de bien, je me sens de nouveau à un meilleur niveau de performance. Je sais que je suis capable de réaliser ce genre de choses. Je sais comment le faire, ça donne envie de le reproduire à nouveau sur d’autres courses.

Quelles sont ces autres courses ?
Pour moi, comme pour l’équipe, mon gros objectif va être le Tour du Pays Roannais, qui a lieu dans quelques semaines. C’est une course à étapes particulièrement exigeante sur trois jours. J’aimerais effectivement réaliser une bonne place au général, je pense en avoir les capacités malgré un plateau qui sera très relevé.

« JE SUIS RESTREINT DANS MON TEMPS D’ENTRAINEMENT »

Et après, plus généralement, quelles sont tes ambitions dans le vélo, à plus long terme ?
C’est une bonne question, c’est celle que je me pose régulièrement, et avec laquelle je ne suis pas toujours très clair. Déjà, ce n’était pas du tout prévu de faire toute cette saison. Et donc, je ne sais pas si je continuerai dans cette même lignée de juste prendre du plaisir et de m’exprimer sur quelques courses comme ça tous les ans. Ou alors tenter ma chance, peut-être d’aller voir autre part, ou d’essayer, de faire des courses encore plus relevées, et de performer sur celles-ci ? J’avoue que je ne sais pas encore parce que, malgré tout, le boulot prend beaucoup de temps, et je suis restreint dans mon temps d’entraînement, mon temps de week-end…

Dans ces conditions, tu te sens capable d’accéder au plus haut niveau ?
Je ne suis pas un jeune de 19-20 ans qui performe, d’ailleurs je suis déjà un peu plus âgé, à 24 ans, et me dire « pourquoi ne pas passer professionnel un jour ? » me semble un peu présomptueux. Mais pourquoi pas essayer un ou deux ans, ou en tout cas, quelque chose au niveau intermédiaire, semi-pro. Il faut encore que les occasions se présentent. 

Tu as trouvé un bon équilibre ?
Je suis vraiment épanoui aussi dans mon travail et mes études. C’est un équilibre qui m’est important, qui n’est déjà pas facile à maintenir à l’heure actuelle, et si je venais encore à rajouter d’autres difficultés, je ne sais pas si je pourrais encore retrouver ce même équilibre.