Par

Clément Mazella

Publié le

4 juin 2025 à 17h41

Élu depuis mars 2025, Yann Roubert va assister samedi 7 juin à Toulouse, lors de GrenobleMontauban, à sa première finale en tant que président de la LNR. L’homme de 47 ans, toujours souriant, s’est posé quelques minutes pour évoquer auprès d’Actu Rugby ce championnat de Pro D2 qui ne cesse d’attirer les foules, mais qui voit aussi année après année des clubs souffrir sur le plan financier.

Grenoble-Montauban sera votre première finale en tant que président de la LNR. Comment appréhendez-vous cela ?

« Avec un peu d’émotion, je l’admets. Je vais remettre un bouclier de champion que je connais bien pour l’avoir remporté 2 fois avec mon club de Lyon. Il y aura aussi beaucoup de passion car il n’y a rien de plus beau que de voir de tels événements se dérouler. Je me fais une grande joie de participer à cette grande fête du rugby. J’ai encore un peu le réflexe de l’ancien président de club : je m’associe d’ores et déjà au bonheur du vainqueur, et en parallèle la déception du battu.

Voir une surprise comme Montauban, cela n’apporte-t-il pas une curiosité supplémentaire à la finale de Pro D2, qui a souvent mis aux prises les favoris ?

« Cela montre surtout que rien n’est établi, et que tous les matchs ont un intérêt exceptionnel. Bravo à Montauban pour ce parcours impressionnant, relève de la surprise pour certains, mais l’USM n’a rien volé sur le terrain. J’étais présent à la demi-finale contre Brive, et je peux vous dire que Montauban a largement mérité sa place en finale. J’ai aussi en mémoire que la saison régulière a été haletante jusqu’au bout, et ça montre tout l’intérêt de cette Pro D2. Félicitations également à Grenoble, premier et qui sera également au rendez-vous de la finale ».

2200 places sont attribuées à chaque club, mais il semblerait qu’on se dirige vers une vague noire et verte vu que la finale se dispute à Toulouse. Est-il possible de contrôler cela afin d’éviter qu’une équipe comme Montauban ne soit presque pas « à domicile » en finale ?

« Ce sont de bons problèmes, et ça montre qu’il y a un réel enthousiasme pour cette finale. La programmation du match à Toulouse est prévue depuis longtemps, et on a même pérennisé cela. Et pour la petite anecdote, cette finale est à guichets fermés pour la seconde fois de suite avant même de connaître les finalistes. Cela prouve que le phénomène s’installe afin de faire de ce rendez-vous une grande fête du rugby ». 

Tout nouveau président de la LNR, quel bilan pouvez-vous tirer de cette saison 2024-2025 de Pro D2 ?

« Sur le plan qualitatif, nous avons assisté à de grands matchs. Et j’espère que le plus grand d’entre eux reste à venir pour cette finale. Niveau chiffres, ils sont exceptionnels. Les audiences, mais aussi les fréquentations des stades sont en nette augmentation. On parle d’une hausse de plus de 6% de spectateurs, avec environ 6000 personnes par match en moyenne. Il y a un vrai succès populaire, avec un réel ancrage des clubs dans leur terroir. C’est une très bonne nouvelle pour la Pro D2, mais aussi le rugby en général. Car cette tendance, elle est générale, comme l’atteste l’engouement autour du Top 14 et du XV de France ».

Et quelle est la tendance financière ? Certains clubs sont contraints de réduire leurs masses salariales selon nos informations…

« Cette Pro D2 se porte plutôt bien, même si, comme vous le dîtes à juste titre, des clubs sont en déficit. La dynamique autour de l’engouement est formidable, mais la situation financière globale est fragile. Au total, Top 14 et Pro D2 réunis, le déficit atteint les 75 millions d’euros ». 

Yann Roubert se réjouit de l'engouement populaire grandissant autour de la Pro D2.
Yann Roubert se réjouit de l’engouement populaire grandissant autour de la Pro D2. (©Icon Sport)

Que pouvez-vous nous dire sur le dossier Biarritz Olympique ? (l’entretien a été réalisé peu avant l’appel formulé par le club, relégué en Nationale en raison de la situation financière de la SASP du club, NDLR)

« On souhaite que le directoire et le conseil de surveillance vont trouver les solutions financières afin d’attaquer la saison prochaine en Pro D2. On leur souhaite, Biarritz étant une terre de rugby ».

Aujourd’hui Biarritz, hier Grenoble, Montauban ou encore Carcassonne : êtes-vous inquiet que des clubs de Pro D2 soient aussi fragiles financièrement parlant.

« Cela montre qu’il faut agir avec passion mais aussi avec raison. Les clubs qui font un travail formidable pour se structurer ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers car il reste toujours du boulot afin de ne pas vivre au-dessus de ses moyens. Et ça, c’est tentant quand on a des ambitions sportives élevées, en recrutant au-delà de ses moyens. L’A2R est là pour les accompagner, tout comme la LNR. Ce n’est facile pour personne, mais il y a des dirigeants engagés et compétents, et ils font la santé de la Pro D2.

Vous êtes en poste depuis bientôt 3 mois : ce rôle de président de la LNR est-il encore plus dur que vous ne l’imaginiez ?

« Il est passionnant, à défaut d’être reposant ! (rires). J’y ai trouvé des équipes dont l’expertise et l’expérience sont précieuses pour notre rugby. Je vois aussi pas mal du pays : j’ai fait 5 matchs le week-end dernier. Je vais à Toulouse pour la finale, en étant aussi un peu sur Paris. Tant que ma famille tient, je suis ravi d’être à ce poste et déterminé à poursuivre avec le même enthousiasme ». 

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