Ça s’est fait dans une forme d’urgence. Dans la foulée de l’attentat contre Charlie Hebdo, il y a 10 ans. Avec une question en tête : « Qu’est-ce qu’on n’a pas su transmettre, pour se retrouver dans cette situation ? » Qu’est-ce qu’on n’a pas su transmettre des valeurs communes de la République française ?
Gérard Toussaint, et bientôt une trentaine de personnes partageant cet angoissant point d’interrogation, ont décidé alors de ne pas rester passifs et pantelants. Ils se sont tournés vers Philippe Mahé, préfet à l’époque, avec l’idée de former l’association Citoyenneté Active.
Objectif : analyser, débattre en sortant de l’entre-soi, et transmettre.
Des grands mots ? Sans doute. Mais pas que. C’était il y a 10 ans, et depuis, l’association s’est démultipliée en action.
Qui sont-ils ? « Des citoyens engagés bien sûr, moins consternés que concernés. Et issus de divers milieux professionnels, précise Gérard Toussaint, son président. Du champ de l’action sociale, comme moi, de la justice, de l’entreprise, de la sécu, de l’enseignement, etc. » Avec la bénédiction du préfet Mahé, qui leur a alloué immédiatement 10 000 €, et les a même accueillis dans les murs de la préfecture pour certains de leurs événements. « Ce qui symboliquement était assez logique. » Soutien qui s’est réitéré avec deux préfets de suite, mais n’est plus aussi évident à présent. « Signe des temps ? »
Des préfets ont soutenu, d’autres moins…
Et quel bilan peut-on en tirer à présent ? « Que l’initiative est plus que jamais pertinente. »
« Précisons qu’on reste à distance du débat politique. Et qu’on ne fait pas de prosélytisme. L’idée, ce n’est pas de venir avec nos certitudes à débiter, mais en appui à ceux qui sont en première ligne. À commencer par les enseignants. »
Ils ne comptent donc plus les interventions réalisées dans les établissements scolaires, de l’école élémentaire au lycée, jusqu’au périscolaire. « Même si, hélas, l’Éducation nationale a tendance aujourd’hui à se fermer, contrairement à ses enseignants. »
Citoyenneté Active y a investi le terrain sur des sujets aussi divers que le harcèlement, la parité, l’identité ou la laïcité, entre autres. « Sur la laïcité, sujet ô combien difficile parfois à traiter auprès de certains jeunes, et adultes, on a même mis au point un module de formation gratuite de deux jours. » Avec lequel ils interviennent notamment dans les collectivités territoriales. « Une commune du Grand Nancy nous a déjà sollicités six fois pour ses agents. »
Son site internet fourmille d’ailleurs d’outils pédagogiques.
L’agenda est semé aussi de débats, dont l’un des derniers organisés s’interrogeait en ces termes : « Y a-t-il encore une place pour le débat en France ? »
Question plus que jamais d’actualité. Et qui sera peut-être abordée par le sociologue Gérald Bronner, vendredi 6 juin, invité à 17 h à l’Assemblée générale de Citoyenneté Active organisée au conseil départemental. Ouverte à tous. Où il sera sans doute… débattu de ce qui permet encore de faire citoyenneté ensemble.
www.citoyenneteactivelorraine.fr