Par
Antoine Blanchet
Publié le
4 juin 2025 à 18h32
Une violence extrême en échanges de quelques billets. Ce vendredi 30 mai 2025, Jamila B. a la mine basse dans le box des comparutions immédiates du tribunal de Créteil (Val-de-Marne). La jeune femme de 23 ans est jugée pour avoir roué de coups une mère de famille enceinte de quatre mois à Champigny-sur-Marne. Rien de personnel dans ce passage à tabac, puisque la prévenue a agi pour de l’argent via une offre sur les réseaux sociaux.
La vente de vêtements était un guet-apens
Les faits datent du 26 mai. Lara*, mère de plusieurs enfants, est contactée par une jeune femme qui voudrait lui acheter des vêtements. Il s’agit de Jamila B.. Les deux femmes décident d’effectuer la transaction en bas du domicile de la maman. Cette dernière se rend sur place accompagnée de son fils de trois ans. Première surprise : l’acheteuse est présente avec un homme.
Tout s’emballe très vite. Lara reçoit un coup de poing à la tempe. Elle tombe au sol et continue à recevoir des coups de la part de la jeune femme. L’homme qui l’accompagne filme la scène. Alertés par des riverains, les policiers se rendent sur place et interpellent Jamila B.. Le mystérieux caméraman prend la poudre d’escampette. Prise en charge, la victime présente des hématomes et une fracture de la phalange. Une incapacité totale de travail (ITT) de 21 jours lui est octroyée.
« C’est inquiétant ce que vous me dîtes »
Interrogée par les juges sur les raisons de ce déchaînement de violences, Jamila B. parle bas et vite, si bien que le micro n’est pas un luxe pour entendre ses paroles.
« J’avais besoin d’argent. Une amie a vu une offre postée sur les réseaux sociaux et me l’a envoyée. On m’a dit que je devais mettre une claque à quelqu’un », débite la prévenue, qui affirme ne pas avoir su que la victime était enceinte.
« Madame, il y a beaucoup de gens en difficulté financière. Il n’y en a pas beaucoup qui acceptent de commettre des agressions sur commande », ironise la présidente.
Jamila B. assure ne pas connaître l’homme qui l’accompagnait lors l’expédition, et qu’il aurait été là pour la surveiller.
« Et comment vous expliquez qu’on passe d’une claque à 21 jours d’ITT. C’est inquiétant ce que vous me dites”, demande la juge.
« Je sais même pas pourquoi j’ai fait ça », offre pour toute réponse la jeune femme.
« Si je peux aider l’enquête »
Présente dans la salle, la victime est venue s’exprimer. Son état l’oblige à rester assise. « La dame, je ne la connais pas. J’ai eu peur. Peur pour le bébé. J’ai peur aussi, car elle connaît mon domicile et que l’autre personne s’est enfuie », livre-t-elle avec de la frayeur dans sa voix. Elle ne semble pas savoir qui pourrait lui en vouloir autant pour publier ce contrat sur son intégrité physique.
Lors de sa garde à vue, Jamila B. a cherché à se défausser. Devant les policiers, la jeune femme domiciliée dans les Alpes-Maritimes avait menti sur son nom en donnant celui de sa sœur. « Je comprends sa détresse. Si je peux aider l’enquête et l’aider à aller mieux », assure du box Jamila B.. Est-ce le regard sévère des juges ou la voix tremblante de la victime qui l’ont rendue plus coopérative ?
Condamnée à trois ans de prison
Dans son réquisitoire, la procureure prend en compte ce revirement. « Je constate que la prévenue fait un pas vers le tribunal. Je pense qu’elle a compris que la stratégie du mensonge avait peu de chances de réussir », assure la magistrate. Elle dénonce néanmoins un « tabassage en règle » et un « passage à l’acte glaçant ». Une peine de quatre ans de prison, dont une année avec sursis, est demandée contre la jeune, qui a déjà été condamnée pour des faits de violences.
Si l’avocate de Jamila B. reconnaît des faits « dérangeants », elle met en avant « l’électrochoc » de sa cliente. « Elle a complètement perdu pied, et elle s’est montrée violente. Son parcours de vie est complètement chaotique. Elle a besoin qu’on lui tienne la main », plaide la pénaliste.
Le tribunal la condamne à trois ans de prison, dont une année avec sursis. La jeune femme est maintenue en détention pour purger la partie ferme. Une peine d’un an d’inéligibilité a aussi été prononcée à son encontre.
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