L’Union européenne va geler sa réplique durant 90 jours pour « donner une chance aux négociations », a annoncé jeudi 10 avril 2025 la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après le spectaculaire revirement de Donald Trump, mercredi. « Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures entreront en vigueur », a-t-elle cependant prévenu.
Les 27 États membres de l’UE avaient adopté mercredi 9 avril, après plusieurs semaines de négociations, leurs premières mesures de représailles aux droits de douane américains, portant sur plus de 20 milliards d’euros de marchandises, comme les motos, le soja ou la volaille.
Ces surtaxes répondaient aux taxes de 25 % imposées sur l’acier et l’aluminium par Washington mi-mars. La riposte aux droits de douane de 20 %, décrétés par le président américain le 2 avril, devait quant à elle être présentée en début de semaine prochaine.
La Chine entend se « battre jusqu’au bout »
La décision de Bruxelles survient après la volte-face du président Trump, qui a annoncé mercredi soir à la surprise générale un gel de 90 jours des surtaxes appliquées à 60 pays, ne maintenant à leur égard que le taux plancher de 10 % en vigueur pour tous les pays depuis début avril. Les investisseurs étaient « un peu nerveux, un peu craintifs […] Vous devez avoir de la flexibilité », a justifié l’ancien magnat de l’immobilier, qui n’a maintenu ses surtaxes douanières que pour un seul pays, auquel il reproche un « manque de respect » : la Chine, à qui il imposera désormais 125 % de droits de douane sur ses produits, en réponse aux représailles de Pékin.
Désormais isolées dans leur combat face à l’administration américaine, les autorités chinoises ont continué jeudi de tenir tête à Washington, promettant de « se battre jusqu’au bout » tout en se montrant disposées à rechercher un compromis. Dans l’attente d’un éventuel accord, Pékin a annoncé réduire le nombre de films américains diffusés sur son territoire.
Cette nouvelle escalade entre les deux grandes puissances mondiales n’a pas empêché les principales places boursières asiatiques et européennes de rebondir, les investisseurs pariant sur une accalmie dans la guerre commerciale mondiale.
« Pression suffisante »
Interrogé sur CNBC, le principal conseiller économique de la Maison-Blanche, Kevin Hassett, a assuré que le taux plancher de 10 % serait a priori maintenu, estimant que Washington devait « créer la pression suffisante » sur ses partenaires pour rapatrier des activités industrielles aux États-Unis.
Pour nombre d’observateurs, les risques liés à la politique commerciale américaine sont cependant loin d’être levés. Prédire la suite des événements est « quasiment impossible », les États-Unis ayant totalement « dévié du scénario habituel », note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Selon la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, le seul bras de fer entre Pékin et Washington pourrait réduire de « jusqu’à 80 % » les échanges de marchandises entre les deux pays et effacer « près de 7 % » du PIB mondial sur le long terme.