Le retrait de son accréditation pourrait notamment signifier pour Columbia la perte de toutes ses subventions fédérales.

Le gouvernement de Donald Trump a une nouvelle fois haussé le ton mercredi 4 juin contre la prestigieuse université Columbia de New York en menaçant de lui retirer son accréditation, ce qui pourrait la priver de tout financement fédéral. Grand soutien d’Israël, Donald Trump accuse d’antisémitisme des universités américaines de renom pour avoir laissé prospérer sur leurs campus des mouvements étudiants contre les bombardements israéliens dans la bande de Gaza.

Mercredi, la ministre de l’Education Linda McMahon a accusé Columbia de ne pas avoir protégé des étudiants juifs du campus de Columbia malgré des demandes en ce sens, ce qui pourrait mener au retrait de son accréditation officielle. «Après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 par le Hamas, la direction de Columbia a délibérément fait preuve d’indifférence face au harcèlement subi par les étudiants juifs sur son campus. Cela n’est pas seulement immoral, mais illégal», a déclaré la ministre dans un communiqué.

Columbia est profondément engagée dans la lutte contre l’antisémitisme sur son campus. Nous prenons ce problème au sérieux et continuons de collaborer avec le gouvernement fédéral pour y remédier. »

Le porte-parole de l’université

Dans les faits, le ministère de l’Education a notifié la commission de l’enseignement supérieur que l’université Columbia «violait les lois fédérales contre la discrimination et que par conséquent elle ne remplissait pas les conditions pour obtenir son accréditation», selon le communiqué. «Nous nous attendons à ce que la Commission informe le ministère des mesures qui seront prises afin de s’assurer que Columbia se conforme aux standards d’obtention de son accréditation», a ajouté Linda McMahon.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole de Columbia a indiqué que l’université était «consciente des préoccupations» du ministère de l’éducation qui ont fait l’objet de discussions «directement» avec la Commission de l’enseignement supérieur. «Columbia est profondément engagée dans la lutte contre l’antisémitisme sur son campus. Nous prenons ce problème au sérieux et continuons de collaborer avec le gouvernement fédéral pour y remédier», a ajouté ce porte-parole.

Le retrait de son accréditation pourrait notamment signifier pour Columbia la perte de toutes ses subventions fédérales. Le gouvernement Trump avait déjà supprimé début mars 400 millions de dollars de fonds fédéraux, dont 250 millions dans le domaine de la santé. Columbia a affirmé avoir lancé depuis des réformes drastiques demandées par l’administration pour tenter de récupérer ces fonds.

La présidente de Columbia huée

Harvard, l’université la plus ancienne des Etats-Unis et l’une des mieux classées au monde, s’est particulièrement attirée les foudres de l’administration Trump qui lui a retiré environ 2,7 milliards de dollars en subventions fédérales, notamment pour la recherche en santé, et tente de lui révoquer sa certification SEVIS (Student and Exchange Visitor), le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis.

Au cours des dernières semaines, la direction de Harvard avait indiqué avoir pris des mesures pour s’assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en défendant le principe de la liberté académique et les droits des étudiants étrangers. Cette position a valu au président de l’université Alan Garber un concert d’applaudissements lors de la cérémonie de remise des diplômes la semaine dernière.

A l’inverse, la présidente de Columbia avait été huée, lors d’une cérémonie similaire, par des étudiants qui lui reprochent de ne pas avoir agi pour empêcher l’arrestation de Mahmoud Khalil, figure du mouvement propalestinien arrêté dans une résidence de l’université et placé dans un centre de détention fédéral en Louisiane d’où il risque l’expulsion.