Par

Marie Lamarque

Publié le

10 avr. 2025 à 6h06

« On construit trop à Toulouse. » Cette réflexion, qui revient comme un petit refrain dans la Ville rose, les élus de la Métropole l’entendent régulièrement. « Mais ce sont souvent ceux qui sont déjà logés qui le disent, alors que leurs enfants, eux, ne parviennent pas à trouver », faisaient-ils remarquer mardi 8 avril 2025. Il faut dire qu’avec une vitalité démographique qui dure – « et qui n’est pas près de s’arrêter selon les prévisions », soulignait le président Jean-Luc Moudenc – la collectivité se doit de répondre dans un contexte de crise. L’équation est loin d’être simple : il faut intensifier la production en prenant soin de la diversifier, avec du locatif social, tout en jouant avec un foncier de plus en plus contraint, et en protégeant les espaces naturels. Comment répondre à ce défi de taille ?

7 500 logements pour 9 000 nouveaux habitants

En dix ans, 75 000 nouveaux logements sont sortis de terre dans la métropole. « Cette dernière année, 5 471 nouveaux logements ont été construits », détaille le président. Un résultat en deçà de ce que la Métropole s’était fixé comme objectif : 7 500 nouveaux logements par an en moyenne, jusqu’en 2035, pour accueillir les 9 000 nouveaux habitants qui s’installent chaque année. Néanmoins, « notre croissance moyenne est de 1,3%, ce qui est supérieur à la moyenne nationale », défend Jean-Luc Moudenc.

Le nouveau PLUi-H pour la fin de l’année

Les élus le savent, il faudra impulser encore davantage d’opérations lors des années à venir, notamment avec l’arrivée de la ligne C du métro, attendue pour 2028. Comme base de travail, ils s’appuient sur le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi-H) dont la nouvelle version devrait être mise en application à la fin de l’année pour les 37 communes de la Métropole.

« En mai, nous aurons l’avis des commissaires enquêteurs, avant délibération à l’automne au conseil de Toulouse Métropole », informe le président. Et d’ajouter : « Toulouse sera la première des métropoles avec un PLUi-H bioclimatique, appliquant les règles les plus dures ».

Toulouse doit « se refaire sur elle-même »

Des règles qui préservent, mais qui contraignent aussi fortement l’aménagement, notamment avec la loi « ZAN » ou « Zéro Artificialisation Nette » qui vise à ralentir et compenser l’artificialisation des sols en France.

Si elle ne peut plus s’étaler, la ville doit donc « se refaire sur elle-même », note Karine Traval-Michelet, vice-présidente en charge de l’habitat et du logement. Parmi les leviers à disposition, reste le droit de préemption qui permet à la collectivité d’acquérir un bien en vue de la réalisation d’opérations d’aménagement urbain.

En moyenne, Toulouse Métropole reçoit entre 10 000 et 11 000 DIA (Déclaration d’Intention d’Aliéner) chaque année. Depuis 2020, elle a exercé son droit sur environ 225 DIA. « On regarde les endroits stratégiques », et en priorité le long des 27 km de la future ligne de métro.

Logements sociaux : les objectifs tenus et dépassés…

Pour répondre aux exigences de l’État, Toulouse Métropole doit aussi consacrer une belle part aux nouveaux logements sociaux locatifs. L’objectif avait été fixé à 2 450 nouvelles constructions par an. En dix ans, la moyenne annuelle est de 2 671 logements, dont 28% pour du très très social. « Objectif tenu depuis 2014 et même dépassé », s’est félicitée Karine Traval-Michelet.

…mais une demande qui explose

Plutôt que de (re)construire, Toulouse Métropole peut aussi faire le choix de la rénovation. Et le nombre de cas est « supérieur à la démolition, font savoir les élus. En dix ans, près de 8 000 foyers ont été accompagnés au titre de l’aide à la pierre ».

Des copropriétés, en difficulté, ont été accompagnées, à l’instar de celle du boulevard des Minimes où une aide de 8,6 millions d’euros avait notamment été débloquée pour des travaux de mise en sécurité.

Malgré ces leviers, les demandes en logements sociaux, toujours plus fortes, sont loin d’être absorbées. Les chiffres traduisent une dure réalité. « De 29 000 demandes en 2018, on est à 48 000 aujourd’hui« , fait savoir la Métropole.

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