« 64 ans, c’est non », « Nous ne battons pas en retraite ».

Ils ont répondu à l’appel de grève national à Nice ce jeudi 5 juin. Une date choisie tout sauf au hasard puisqu’elle correspond à la présentation d’une résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins) à l’Assemblée nationale. Si le texte n’a pas valeur législative, il demande l’abrogation de la réforme des retraites. Ce qui a permis aux députés de se prononcer sur le sujet pour la première fois via un vote – pour rappel l’usage du 49-3 par Elisabeth Borne les en avait empêchés.

Alors voir que 198 parlementaires (1) ont fait entendre leur opposition le matin même au report de l’âge de départ, cela fait réagir Patrick Santo, secrétaire de l’Union départementale CGT 06: « Pour éviter de perdre à plate couture, la droite et le centre ont rechigné à venir voter. J’appelle ça la démocratie du dimanche. On attendait un peu plus de sérieux de leur part. En termes de valeurs portées pour les jeunes générations… on peut mieux faire. »

Sur la place Masséna, les différents secteurs professionnels se rassemblent pour porter leurs revendications : des salaires plus élevés et l’abrogation du texte suscitant la colère. « Les Français sont majoritairement contre la réforme », indique Matthew Viola, secrétaire Fapt CGT 06 en citant le dernier sondage IFOP/CGT relevant que 61% des citoyens « estiment qu’il faut revenir à la retraite à 62 ans dont 68% des salariés ».

Se projeter dans un quotidien au turbin au-delà de cet âge, très peu pour tous. Et notamment les soignants ! En témoignent ces deux infirmières de l’hôpital de Menton qui ironisent: « On va devoir se déplacer dans les couloirs en déambulateur entre les patients? » Face aux nombreuses promesses, dont celle de prendre soin des blouses blanches, elles soupirent: « Ce ne sont que des mots. On a besoin de moyens. »

Le manque de solutions concrètes pour la défense des services publics fait grincer des dents, laisse un goût amer aux participants. « On sent que les jeunes sont inquiets de l’évolution de leurs parcours de formation, alors entrer sur le marché du travail avec la projection des 64 ans c’est quelque chose de compliqué. D’autant qu’ils sont poussés à entrer de plus en plus tôt dans le monde du travail », commente Mario Dupré co-secrétaire générale d’Educ’action 06 qui relève l’impact de la réforme sur les professions féminisées: « Bien souvent les femmes ont des carrières fractionnées, ce texte va encore renforcer des inégalités. »

De quoi réactiver le mouvement particulièrement suivi dans les cortèges en 2023? Impossible de se résigner comme le rappelle Anne, professeure de français dans un collège du département: « On ne lâche rien. Cette réforme nous reste en travers de la gorge. »

1. 35 ont voté contre.