Le projet des élèves de 3e POP* du collège Paul Langevin de Carros était d’inviter cinq résidents nés entre 1925 et 1937 de L’Ehpad La Bastide des Cayrons de Vence afin d’écouter leur ressenti de la Seconde Guerre mondiale durant leur jeune âge. Cette rencontre entre les deux générations a permis à l’une de transmettre son histoire et à l’autre d’entendre, pour la première fois, des témoignages de personnes ayant vécu cette période. Jusque-là, seuls les livres ou documentaires alimentaient leur perception de cette époque sombre.
« Quel a été votre plus mauvais souvenir? », demande Mathilde à Claude, 97 ans. « J’ai pleuré à la déclaration de la guerre. Mon père était chef de section, j’avais peur de ne jamais plus le revoir, répond le vieil homme qui vivait à Limoges à cette époque-là.Pour éviter de s’étendre sur l’horreur qu’il a vécue, ce dernier enchaîne sur ses exploits au basket-ball, pour faire diversion. « Qu’auriez-vous fait de différent s’il n’y avait pas eu la guerre? », l’interroge à son tour Rahma. « Je serais devenu musicien », lance spontanément Claude.
« On embrassait les sauveurs »
« Avez-vous eu peur? », s’enquiert Rosario auprès de Jeanine. La centenaire se souvient de sa plus grosse frayeur à la vue du premier Allemand. Il est passé à côté d’elle, sans même la regarder. Elle vivait à Vichy, station thermale déclarée ville ouverte. « La vie était calme, on ne manquait de rien », se souvient Jeanine. Elle fabriquait des chapeaux. Elle s’est mariée en août 1944, le jour même où les Allemands ont quitté la ville.
La guerre n’a laissé aucun traumatisme à Hélène, née en 1937 à la campagne, Klara, en 1928 en Suisse et Irma, en 1932 à Sospel. La cohabitation avec les Allemands s’est faite « dans le respect ». Une surprise pour les élèves qui ne s’imaginaient que les horreurs de la guerre.
Mais pour tous, le fait le plus marquant de cette période est resté la libération. « On embrassait les sauveurs », se rappellent-ils. L’espace de quelques minutes passées ensemble, la guerre est passée de quelque chose d’abstrait à la réalité pour ces collégiens.
*Projet orientation professionnelle.