Des substances irritantes et potentiellement nocives
Les désinfectants contiennent souvent des composés organiques volatils (COV), de l’ammoniaque, des parfums synthétiques ou encore des agents chlorés. Ces substances, lorsqu’elles sont pulvérisées dans l’air ou utilisées en milieu peu ventilé, peuvent irriter les voies respiratoires, altérer la muqueuse bronchique et déclencher des inflammations chroniques.
Plusieurs pneumologues français et européens alertent depuis quelques années sur l’impact délétère de certains produits ménagers désinfectants sur la santé respiratoire, en particulier :
- chez les enfants (plus sensibles aux irritants chimiques)
- chez les adultes asthmatiques ou souffrant de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive)
- chez les personnes âgées ou allergiques
Des études qui confirment les craintes des professionnels de santé
En 2018, une étude norvégienne publiée dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine a suivi plus de 6 000 femmes pendant 20 ans. Résultat : celles qui utilisaient des produits de nettoyage désinfectants plusieurs fois par semaine voyaient leur fonction pulmonaire se détériorer plus rapidement, avec des effets comparables à ceux observés chez les fumeurs.
D’autres recherches ont mis en évidence un risque accru d’asthme professionnel chez les personnes travaillant dans l’entretien ou les soins à domicile, exposées quotidiennement aux désinfectants. Ces résultats confortent les observations cliniques de pneumologues, qui voient affluer de plus en plus de patients présentant des troubles respiratoires sans antécédents, mais avec une forte exposition domestique à ces produits.
Quels produits posent le plus de problèmes ?
Les produits les plus souvent incriminés sont :
Substances en cause
Risques potentiels
L’usage combiné ou répété de ces produits, surtout sans aération suffisante, accroît significativement l’exposition aux irritants.
Les recommandations des pneumologues
Pour limiter les risques, plusieurs spécialistes en pneumologie recommandent :
- De privilégier les produits simples, non parfumés, sans désinfectants inutiles
- De ne pas utiliser de spray directement dans l’air, mais plutôt sur un chiffon
- D’aérer abondamment pendant et après le nettoyage
- De porter un masque si les symptômes respiratoires apparaissent
- D’éviter totalement les désinfectants chimiques en cas d’asthme ou d’allergie respiratoire avérée
De plus, dans un usage domestique courant, la désinfection n’est généralement pas nécessaire : le nettoyage régulier avec de l’eau savonneuse suffit amplement à maintenir une bonne hygiène.
Les alternatives plus douces à privilégier
Certains produits naturels peuvent remplacer efficacement les nettoyants agressifs, sans nuire à la santé :
- Le vinaigre blanc, pour le détartrage
- Le bicarbonate de soude, pour désodoriser et récurer
- Le savon noir, pour les sols et surfaces
- L’eau chaude et un chiffon microfibre, dans la plupart des cas
Il est inutile de désinfecter systématiquement toutes les surfaces d’un logement, sauf en cas de maladie contagieuse ou de conditions particulières (soin d’une personne immunodéprimée, par exemple).
Une vigilance indispensable dans les foyers fragiles
Dans les logements où résident des enfants, des séniors ou des personnes souffrant de pathologies respiratoires, la prudence s’impose. La propreté ne doit pas se faire au détriment de la santé, surtout si des gestes simples permettent d’éviter des irritants toxiques.
Les pneumologues insistent : l’obsession de l’hygiène, largement alimentée par les campagnes marketing, peut avoir des effets contre-productifs, notamment sur la santé respiratoire. Une maison “saine” est d’abord une maison bien ventilée, bien entretenue, mais sans excès de chimie.