La procureure de Paris, Laure Beccuau, a défendu le choix des juges de faire venir Mohamed Amra à Paris pour l’entendre sur son évasion sanglante de 2024. Ce choix a suscité des critiques de syndicats pénitentiaires et les réserves du ministre de l’Intérieur. « Lorsqu’on parle de Mohamed Amra, l’idée qu’on l’extraie pour le faire voyager dans un véhicule pénitentiaire, c’est la reviviscence de l’attaque effroyable d’Incarville », a-t-elle reconnu au micro de RMC/BFMTV, vendredi 6 juin 2025. « C’est, chez les agents pénitentiaires, la crainte que les faits se reproduisent. »

Laure Beccuau dit « comprendre » cette crainte, tout comme les juges d’instruction « qui n’ont cessé de faire tous les actes utiles pour que Mohamed Amra soit interpellé, ainsi que l’ensemble de ses comparses ». L’annonce de l’extraction pour un interrogatoire à Paris d’Amra, arrêté en février en Roumanie et détenu dans une prison ultrasécurisée, a suscité des critiques de syndicats pénitentiaires et les réserves du ministre de l’Intérieur. Ceux-ci plaidaient plutôt pour un déplacement dans la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) des juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) ou une audition en visioconférence.

« Les juges veulent que le dossier avance vite »

Si les juges ont choisi de le faire venir la semaine prochaine au tribunal judiciaire de Paris, c’est « parce qu’ils veulent désormais que le dossier avance vite », a affirmé la procureure. « Ça sera la première audition de Mohamed Amra […] Ça va être le temps de ses premières déclarations. On va peut-être lui opposer des pièces de procédure, des scellés. Il faut qu’il soit enregistré », a-t-elle expliqué. « Vous n’imaginez évidemment pas trois magistrats instructeurs se déplacer avec l’intégralité des scellés. Et puis il faut aussi des conditions d’audition sur un interrogatoire qui va durer longtemps », a-t-elle poursuivi. Il sera escorté par le GIGN, unité d’élite de la gendarmerie.

Si Mohamed Amra devait, plus tard au cours de l’instruction, être confronté à d’autres mis en examen, il devra peut-être être extrait à nouveau, selon elle. « Il y aura Mohamed Amra (et les autres suspects), leurs avocats, les escortes, les trois juges d’instruction, les greffiers, une caméra qui doit filmer tout le monde », a-t-elle décrit. « Je ne connais pas les conditions d’audition à la prison de Condé-sur-Sarthe, mais je doute qu’il y ait une pièce qui soit faite à cet effet », a-t-elle ajouté.

Une quarantaine de personnes, dont le narcotrafiquant, sont mises en examen dans ce dossier tentaculaire. Les dernières mises en examen datent du 28 mai : deux suspects ont été placés en détention provisoire, la 3e sous contrôle judiciaire, selon une source judiciaire vendredi, confirmant une information de TF1.