Les femmes, même sans endométriose, sont davantage touchées par les symptômes du Covid long. © freepik
C’est une information qui ne manquera pas de faire réagir les concernées… et elles sont nombreuses. D’après une étude menée conjointement par des chercheurs français et suisses, les femmes atteintes d’endométriose ont 41 % de risque en plus de développer un Covid long, comparées à celles qui ne souffrent pas de cette pathologie gynécologique.
Publié dans la revue scientifique BMC Women’s Health, ce travail s’appuie sur les données de plus de 200 000 femmes. Une cohorte suffisamment solide pour tirer la sonnette d’alarme. Mais avant de paniquer ou de baisser les bras, prenons le temps de comprendre ce que cela signifie concrètement. Et surtout pourquoi.
Quand l’endométriose influe sur le Covid long Rappel express : l’endométriose, c’est quoi déjà ?
L’endométriose est cette maladie chronique qui touche environ une femme sur dix en âge de procréer, selon Santé publique France. Elle se caractérise par la présence anormale de tissu semblable à celui de la muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, souvent sur les ovaires, les trompes ou dans la cavité abdominale.
Cette condition cause ainsi des douleurs menstruelles sévères, des troubles digestifs, urinaires, une fatigue persistante… et parfois des complications pour tomber enceinte. Et comme si ce tableau n’était pas déjà assez lourd, voici qu’un nouvel élément vient s’ajouter.
Covid long : une autre épreuve à affronter
Vous avez entendu parler du Covid long ? Ce n’est pas juste un rhume qui s’éternise. C’est une forme prolongée du Covid-19 qui peut durer plusieurs semaines à plusieurs mois après l’infection initiale.
Parmi les symptômes les plus fréquents : fatigue écrasante, troubles de la mémoire et de la concentration (le fameux “brain fog”), essoufflement, douleurs articulaires… Et ce n’est pas un phénomène rare. Près de 2 millions de personnes en France en ont souffert selon les chiffres de 2022. Et parmi elles, une large majorité sont… des femmes.
Mais pourquoi l’endométriose augmente nettement les risques après l’infection Covid long : +41 % de risque chez les femmes atteintes d’endométriose
Dans cette vaste enquête, les chercheurs ont comparé les données de femmes avec et sans endométriose. Résultat ?
- 16,2 % des femmes atteintes d’endométriose ont développé un Covid long.
- Contre 10 % des femmes non concernées.
- Soit un risque accru de 41 %, toutes choses égales par ailleurs (âge, antécédents médicaux, niveau socio-économique…).
C’est tout sauf anecdotique.
Pourquoi ce lien entre endométriose et Covid long ?
Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses. Et non, ce n’est pas juste un mauvais karma. L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique, ce qui signifie que le système immunitaire des patientes est souvent déjà suractivé ou déréglé. Or, le Covid long s’expliquerait justement par une réponse immunitaire excessive, voire auto-immune.
Autre piste évoquée : une expression plus élevée du récepteur ACE2, la porte d’entrée du virus SARS-CoV-2 dans les cellules, dans les tissus touchés par l’endométriose. Ce qui pourrait favoriser l’installation prolongée du virus ou de ses effets dans l’organisme. Enfin, les dérèglements hormonaux liés à l’endométriose (notamment une dominance en œstrogènes) pourraient aussi influencer la réaction du corps face au virus.
Ce que ça change pour les patientes
Pour le Pr Jean-Marc Ayoubi, gynécologue à l’Hôpital Foch et co-auteur de l’étude, ces résultats doivent ”inciter à une vigilance renforcée pour les femmes atteintes d’endométriose en cas d’infection par le Covid-19”. Alors, si vous êtes concernée, vous ne devez pas paniquer, mais mieux vous préparer. Cela peut passer par :
Cette étude s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la prise en compte des spécificités de la santé des femmes dans la recherche médicale. Trop longtemps invisibilisées, les pathologies comme l’endométriose commencent (enfin !) à être mieux étudiées. Et ce genre de données peut, espérons-le, contribuer à des politiques de santé publique plus équitables.
À SAVOIR
Selon l’Inserm, l’endométriose pourrait aussi être liée à des troubles du système immunitaire. Ce déséquilibre pourrait expliquer en partie pourquoi ces femmes sont plus vulnérables face au Covid long.
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