Par

Fabien Binacchi

Publié le

6 juin 2025 à 17h51

À Jouques (Bouches-du-Rhône), à un peu plus d’une heure de Marseille, Notre-Dame de Fidélité surplombe la vallée de la Durance. Une position dominante qui ne fait pourtant pas les affaires des sœurs bénédictines de cette abbaye, plus que jamais offerte aux éléments. Le toit de la bâtisse, agrandit dans les années 70, n’est « plus étanche ». Il faut tout refaire. Et la facture est lourde. Très lourde. 200 000 euros que ces religieuses ont décidé de financer grâce à leur vin… et à Internet.

« Il pleut dans les cellules »

Sœur Armelle a dû sonner l’alerte. Elle est la « cellérière » de l’Abbaye de Jouques. C’est elle qui tient les cordons de la bourse dans ce monastère de moniales et le compte n’y est pas.

Les toits au-dessus de leur tête nécessitent de gros travaux que leurs finances ne couvrent pas. « On a dû commencer nous-même à réparer par endroits, mais on ne pourra pas tout faire », explique la religieuse à actu Marseille. La situation est pourtant urgente. « Le toit prend l’eau. Il fait très chaud en été et plutôt froid en hiver. Plus rien n’est étanche ».

« Il pleut parfois dans les cellules, nos chambres. »

Notre-Dame de Fidélité, construite entre 1967 et 1969 sur une ancienne ferme et son chai, avait été surélevée en 1975 pour absorber un flux soutenu de nouvelles arrivantes. Et la couverture a fait temps. Il faut désormais 200 000 euros aux Bénédictines pour la réparer.

« Devenir bâtisseur d’abbaye »

C’est là que la magie d’Internet intervient, même dans cette abbaye. Associées à la plateforme Divine Box depuis les restrictions sanitaires liées au Covid-19, les sœurs, qui produisent du vin sur plus de 9 hectares, ont décidé de lancer une vente spéciale pour sauver leur bâtisse.

D’ici au 15 juin, elles espèrent écouler quelque 6000 bouteilles, soit l’équivalent de 300m² de toiture, sur les 650 m2 à traiter au total.

En d’autres termes, acheter 20 bouteilles de vin équivaut à financer un mètre carré de toiture et devenir ainsi bâtisseur d’abbaye.

L’équipe de Divine Box

350 bouteilles écoulées sur 6000

En tête de gondole, elles mettent deux vins rouges, « Fidelis » et « Louange », pour vider leur cave, et également leur spécialité : « Exsulta », un vin rosé AOP Côteaux d’Aix-en-Provence (à consommer évidemment avec modération). Ce vendredi 6 juin, à l’heure de la publication de cet article et au bout de quelques jours de commercialisation, un peu moins de 350 bouteilles ont été écoulées.

Encore trop peu pour espérer boucler le budget dans les délais impartis. Les sœurs espèrent. En attendant, elles poursuivent elles-mêmes les travaux, fidèles à la règle de Saint-Benoît qui fait loi dans l’abbaye. « Elle nous dit deux choses : prie et travaille », détaille Sœur Armelle.

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