Des jazz très pluriels
Le festival international de jazz de Rive-de-Gier, créé en 1979, a peu à peu changé de nom. Un S s’est même ajouté entre parenthèses en 2006 après le mot Jazz.
Il faut dire que dès le départ, l’événement a toujours glané des richesses musicales un peu partout.
Aujourd’hui, on pourrait rajouter beaucoup de « s », tant les styles sont nombreux. Il faut croire que, comme ailleurs, le festival a dû se conformer aux attentes d’un nouveau public.
Il y en a donc pour tous les goûts au fil des 48 concerts, « avec une volonté d’engagement et de sincérité ».
On citera par exemple le jazz-funk de Cissy Strat à Chambœuf, le groove-funk de The Brooks à Unieux ou le Donny Mc Caslin 4tet, dont on avait déjà entendu les créations autour des musiques de David Bowie (au Panassa de Saint-Etienne).
Une icône internationale le 10 octobre à Saint-Chamond
« C’est la lumière vive du jazz contemporain » que Ludovic Chazalon, directeur du festival, a choisi d’accueillir avec « Avishai Cohen New trio Brightlight ».
Le contrebassiste et chanteur israëlien, révélé au sein du trio de Chick Coréa à la fin des années 1990, est devenu l’un des chefs de file du jazz contemporain.
Entouré de deux prodiges âgés de vingt ans, le pianiste Itay Simhovich et le batteur Yali Stern, il offre un répertoire sonore fécond, entrecroisant les traditions, le classique et l’audace contemporaine.
On va chanter !
De nombreuses voix féminines et des ensembles vocaux vont rivaliser de groove. Citons l’Américaine Linda Lee Hopkins, très tôt initiée au gospel par son père et qui s’est installée à Paris début 90. Devenue rapidement une choriste incontournable (Nino Ferrer, Michel Jonasz, Gloria Gaynor ou Ray Charles), elle présente son deuxième album solo, intitulé « Spirit & Soul », douze compositions inspirées de ses racines et de son vécu personnel.
Entourée de quatre musiciens, voilà qui promet une soirée dansante, généreuse et funky le 15 octobre à Rive-de-Gier.
Autres exemples de jazz vocal avec le March Mallow 5tet, « entre swing et ballades bluesy » à Firminy ou le Melina 5tet à Feurs, « l’une des très belles découvertes 2025 du Rhino ».
Une « folle machine à remonter le temps » le 16 octobre à Saint-Etienne
La soirée concoctée avec le pianiste new-yorkais Scott Bradlee s’annonce jubilatoire. Ce fan de jazz depuis l’enfance « est surtout connu (mondialement !) pour avoir retravaillé la pop-music et posté des videos de ses remakes de tubes eighties sur internet ».
Mais sa vraie différence, c’est qu’il prend le temps à rebours, partant de grands tubes actuels pour les réarranger façon vintage. Ainsi, les hits les plus connus de Beyoncé, Lady Gaga, des Spice Girls ou de Radiohead sont saupoudrés de ragtime, soul, swing ou charleston. C’est à l’Opéra de Saint-Etienne, en partenariat avec C’Kel Prod, que son « Magic & Moonlight tour » fera une escale exceptionnelle, avec les musiciens et chanteuses qui forment son Postmodern Jukebox.
Du blues toute la nuit le 18 octobre à Saint-Chamond
Justina Lee Brown a trouvé dans la musique une échappatoire au ghetto de Lagos où elle a vécu une jeunesse difficile. Devenue une artiste emblématique de la scène blue-soul africaine, elle a composé six albums en vingt ans. Engagée et flamboyante, combinant de nombreuses influences, nul doute qu’avec son sextet elle ne vienne électriser le public.
En seconde partie, attention, légende. Robert Finley, déjà venu dans la Loire, revient avec « Black Bayou », lauréat notamment du grand prix Blues & Soul de l’Académie Charles Cros en 2023. On ne présente plus ce Louisianais qui a publié son premier album à l’âge de soixante-deux ans et dont la vie est aussi bosselée que la voix. Il faut aller se fondre dans sa présence magnétique pour s’enivrer d’authentiques émotions.
Une journée dédiée au piano à Saint-Etienne
Le 1er octobre, après le documentaire de Patrick Savey sur Herbie Hancock, la cinémathèque accueille le pianiste Armel Dupas, « au jeu d’une grande intériorité ».
Puis c’est à la galerie Ceysson & Bénétière que se produit Harold Charre, un pianiste et compositeur aussi à l’aise avec Gainsbourg qu’Oscar Peterson.
Un final au Solar
Le pianiste Pierre-François Blanchard et le clarinettiste Thomas Savy, nommés aux Victoires du Jazz en 2024, terminent cette édition avec élégance, dans un « puzzle de compositions où le jazz se combine à la musique classique et romantique du XXe siècle ».
Programmation complète et billetterie sur www.rhinojazz.com
Lancement du festival les 20 et 21 septembre à Sainte-Anne à Saint-Chamond, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine : rétrospective en images et en musique des années 1979 à 2025 et concerts des élèves des Conservatoires de Saint-Chamond, Saint-Etienne et Rive-de-Gier.