En début d’année, le charmant quartier de la Gorguette s’est un peu agité après qu’un surprenant permis de construire a été accordé par la mairie : le sésame autorisait à une Sanaryenne propriétaire d’une petite parcelle sur l’avenue du Prado, on ne peut plus au bord de l’eau, d’y construire une jolie maison.

Malheureusement pour elle, des riverains et une association opposés au projet ont formulé un recours gracieux pour demander à la commune de Sanary de retirer ce permis. Et, chose rare, c’est ce qu’elle a fait ! Cela, en s’inspirant volontiers de certains arguments, visiblement sérieux, soulevés par Me Thomas Callen. L’avocat des requérants affirmait que le permis était illégal, tandis que la mairie, dans son instruction initiale du dossier, avait conclu que rien ne pouvait s’opposer à cette délivrance, confortée par une confirmation des services de l’État.

Une zone « à risque » et « remarquable »

Mais un réexamen approfondi de la Ville a donc débouché sur un arrêté municipal actant finalement le retrait du permis, en justifiant évidemment cette marche arrière.

En premier lieu, l’arrêté réhabilite en quelque sorte une notion erronée qui, dans un document préfectoral datant de 1981 (un Plan de prévention des risques naturels prévisibles) avait comme miraculeusement épargné (car non surlignée sur la carte afférente) ladite parcelle de l’interdiction de toute construction nouvelle, qui aurait dû, en toute logique, s’appliquer à toute cette frange littorale, du moins sur sa partie rocheuse (ici à l’est de l’assiette du projet). Considérant désormais le danger de glissements de terrain et autres chutes de pierres comme réaliste, la commune note, dès lors, qu’un débord de toiture (de 50 cm) prévu sur les plans de l’architecte se trouverait dans la zone inconstructible. « Une telle implantation est de nature à entraîner un risque pour la sécurité publique en ce que les travaux nécessaires à la construction vont inévitablement impacter la zone à risque par les vibrations, le passage des engins de chantier et le décaissement nécessaire aux fondations », stipule l’arrêté.

Mais, s’il venait à la propriétaire du terrain l’idée d’adapter les plans, elle doit savoir encore : que la Ville reconnaît, désormais, le caractère « remarquable » de l’espace visé, de par les arbres qui s’y trouvent, participant même « à en assurer la protection » ; que l’étude géotechnique qui accompagnait la demande de permis est à présent jugée « lacunaire », « aucun sondage n’ayant été réalisé sur le site ».

La propriétaire pourrait attaquer l’annulation

Lors d’un récent conseil municipal, interrogé par un opposant, le maire n’avait pas caché son espoir de pouvoir retirer ce permis, pour éviter une procédure en justice qu’il pensait vouée à l’échec, « à 99 % ».

Mais on n’est pas à l’abri d’un nouveau rebondissement : la bénéficiaire du permis retoqué (elle n’a pas souhaité s’exprimer dans nos colonnes), qui pensait pouvoir réaliser son rêve avec l’aval initial de la mairie, pourrait encore estimer que ce revirement de situation est injuste ou infondé. Et attaquer la ville au tribunal administratif pour tenter de faire annuler cet arrêté. À suivre. Ou pas, si elle décide d’en rester là.