Par

David Saint-Sernin

Publié le

9 avr. 2025 à 16h37

C’est « l’usine du siècle » qui va être construite au Sud-Ouest de Toulouse dès les prochaines années. « Usine du siècle » car c’est à cet endroit que les déchets des habitants de l’agglomération vont être traités jusqu’à horizon 2080. La durée de vie d’un incinérateur est, en effet, d’environ 45 ans.

Mercredi 9 avril 2025, Decoset, le syndicat mixte de gestion des déchets dans l’agglomération de Toulouse, présente cette future « Unité de Valorisation Énergétique » (UVE), qui va être construite en lieu et place de l’actuel incinérateur du Mirail, considéré comme le plus polluant de France, et dont la fumée qui émane de sa cheminée est parfois visible à 40 kilomètres à la ronde.

« Du plus polluant au plus écologique »

Cette Unité de Valorisation Énergétique (UVE) doit être construite d’ici 2032. L’ambition est de passer de « l’incinérateur le plus polluant de France » à l’Unité de Valorisation Énergétique (UVE) « la plus écologique de France », dixit Vincent Terrail-Novès, le président de Decoset. Présentation de ce nouveau site dont le bâtiment ressemblera à tout sauf une usine.

450 millions d’euros investis

C’est l’un des très gros projets industriels à l’échelle de l’agglomération de Toulouse. Un gros projet qui va être mené dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) d’exploitation de l’UVE du Mirail, mais aussi de l’UVE de Bessières. C’est l’entreprise Suez qui a été choisie comme délégataire. L’investissement sera partagé en fond propre par Suez, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et un prêt remboursable sur 30 ans de Decoset. L’investissement est important : 450 millions d’euros, dont 150 millions d’euros de Decoset.

Au total, le contrat de DSP, d’un montant de 1,4 milliard d’euros, prévoit la modernisation de l’UVE de Bessières, la reconstruction d’une nouvelle usine à Toulouse et l’exploitation de ces deux UVE pour une durée de 20 ans.

« Les deux UVE délivreront plus de 220 GWh/an d’électricité et plus 360 GWh/an de chaleur. La future UVE de Toulouse couvrira près de 80 % des besoins des réseaux de chaleur urbains de la ville », indique Suez.

Vidéos : en ce moment sur ActuLe chantier débuterait en 2026

C’est en 2026 que le chantier de la nouvelle usine de Toulouse pourrait débuter avec une livraison, au plus tôt, en 2031. « Nous allons construire la nouvelle UVE de Toulouse à côté de l’usine existante, grâce au déplacement de l’activité de traitement des mâchefers (résidus issus de l’incinération des déchets dans les usines d’incinération, NDLR). Ce qui nous permettra d’assurer la continuité du service entre 2026 et 2031, notamment la production de chaleur pour le réseau de chaleur de Toulouse. Quand la nouvelle UVE sera terminée, nous pourrons stopper l’activité de l’actuel incinérateur », explique Vincent Terrail-Novès.

Une capacité de traitement à la baisse

Alors que selon les estimations, la production de déchets par les habitants de l’agglomération doit diminuer ces prochaines années, Suez assure que l’UVE de Toulouse produira plus d’énergie avec moins. L’UVE de Toulouse a été calibrée pour traiter 240 000 t/an soit une capacité réduite de 50 000 t/an.

Selon Suez, ce sont les avancées technologiques, générant l’amélioration du process d’incinération, qui permettra de compenser cette capacité réduite. Suez indique que la nouvelle UVE récupérera de l’énergie là où elle se perd actuellement.

L'actuel incinérateur situé au Mirail.
L’actuel incinérateur situé au Mirail. (©David Saint-Sernin/Actu Toulouse)Nouvelles technologies

Et si à l’avenir le volume de déchets produit à l’UVE de Toulouse se trouvait à devenir ponctuellement insuffisant pour alimenter le réseau de chaleur de Toulouse, des déchets, refusés au tri sélectif à Bessières l’été, seraient renvoyés à Toulouse l’hiver.

Cette nouvelle UVE verra plusieurs améliorations : « le confinement des odeurs avec des filtrations supplémentaires lors des arrêts », « le confinement des poussières issues des mâchefers dans un bâtiment fermé » et « l’absence d’impact du bruit de jour comme de nuit ». Autant d’annonces qui seront regardées de près par les riverains, dont certains se sont battus pour que l’incinérateur déménage en dehors de l’agglomération.

Reconstruire cette UVE sur place, quartier du Mirail… Ce scénario a suscité un vif débat en raison des nuisances générées par l’actuel incinérateur. Il faut dire qu’en 1969, lors de sa construction, l’infrastructure ne se situait pas au coeur des habitations. Comme nombre d’usines à Toulouse, elle a été entourée par l’urbanisation galopante de l’agglomération toulousaine.

Un bâtiment architectural

Pour sa reconstruction, Decoset a voulu un bâtiment qui ne ressemble pas à une usine. Le cabinet d’architectes Richez Associés, chargé de réaliser le nouvel édifice, a dessiné un bâtiment semi-enfoui, donc moins haut que l’actuel, mieux à même de s’insérer dans un environnement devenu urbain et dans un paysage qui offre un panorama sur la chaîne des Pyrénées.

Cela donnera ce bâtiment qui, vu de l’extérieur, pourrait aussi bien être une salle omnisports, un stade de football ou une salle de concert, si ce n’est la présence de la cheminée, marqueur d’une usine.

« Ce projet, retranscrit la volonté de réconcilier la nature industrielle de l’UVE à son écosystème architectural urbain, paysager et social », explique le cabinet Richez et Assiciés.

Une partie du foncier de l'actuel incinérateur sera planté de dizaines d'arbres et végétalisé.
Une partie du foncier de l’actuel incinérateur sera planté de dizaines d’arbres et végétalisé. (©Richez et Associés)Le bâtiment sera ouvert au public

À côté de l’usine, une Maison des Énergies verra le jour avec, l’ambition « de doter la nouvelle UVE d’un Tiers-Lieu ouvert, pédagogique et interactif, en dialogue constant avec la ville et ses habitants », explique le cabinet qui poursuit :

« Ce dialogue commencera avec une façade élancée et plissée de verre, qui jouera avec les reflets et assumera pleinement sa vocation de transparence. Le public pourra voir, et grâce à cette ouverture, chacun sera invité à comprendre ce qui se passe à l’intérieur ».

La Maison des Energies avec sa façade plissée, dont l'architecture vise rendre le site encore plus transparent.
La Maison des Energies avec sa façade plissée, dont l’architecture vise rendre le site encore plus transparent. (©Richez et Associés)

Un parcours découverte sera créé dans le bâtiment, avant de s’étendre au cœur de l’équipement, via des passerelles en plein air et des plateformes pédagogiques, donnant une vision globale et sensible du cycle de valorisation énergétique.

Le calendrier

Après la présentation au public ce mercredi soir, le projet va marquer une pause en raison des élections qui se profilent.

L’enquête publique sera organisée en 2026. Si le projet, tel qu’il a été conçu, obtient sa déclaration d’utilité publique, le chantier sera lancé en 2026 ou début 2027. Pour une mise en service, au plus tôt, en 2031.

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