Il est 9h45. Samedi matin. Sur le pont René Coty qui enjambe le fleuve Paillon, à l’est de Nice, une cinquantaine de participants s’équipe pour une opération de dépollution.
Mathieu Perino, casquette vissée sur la tête et tee-shirt blanc floqué du logo du collectif qu’il représente, Nice Plogging, donne les consignes: « À 11h30, on se retrouve tous ici », lance-t-il.
Nice Plogging organise des sessions de ramassage des déchets dans la capitale azuréenne. Depuis sa création en 2018, le collectif a récolté plus de 100 tonnes de déchets et compte désormais 700 ploggers, âgés de cinq à 83 ans.
« Tout ce qu’on enlève du Paillon, ce sont des déchets qui n’iront pas dans la Méditerranée. »
Mathieu Perino, Nice Plogging
Munis de gants et de sacs poubelles, les bénévoles se répartissent en petits groupes et descendent chacun de leur côté dans le lit presque asséché du Paillon. Parmi eux, une dizaine d’associations de protection de l’environnement qui participent à l’Unoc, comme MerTerre, OceanCare, Tsu Ambiental, One Ocean Planet Foundation ou encore Captain Fanplastic, ont répondu à l’appel.
« On nettoie le Paillon tous les samedis. Mais aujourd’hui l’objectif, c’est de mobiliser d’autres associations, d’autres acteurs en amont de l’Unoc », explique Mathieu Perino.
« Tout ce qu’on enlève du Paillon, ce sont des déchets qui n’iront pas dans la Méditerranée. »
Quel est le problème?
Chaque année, les Français jettent environ 1 million de tonnes de déchets sur le bord des routes, le long des cours d’eau, les plages et la montagne, d’après le baromètre de l’association Geste Propre. Et près de 80% de la pollution marine provient des terres, avec une grande majorité de déchets plastiques.
Nice n’est pas épargnée: le fleuve Paillon, qui traverse la ville et se jette dans la Méditerranée, charrie des dizaines de tonnes de déchets par an.
Mégots, emballages, canettes polluent ainsi les sols, l’air et les eaux.
Nettoyer et alerter
Sophie Boeri et sa fille de 15 ans, Laura, ont fait le trajet depuis Antibes à vélo. Accroupie dans les herbes hautes, l’adolescente ramasse une à une des canettes de soda et les glisse dans un grand sac en plastique. « Il y a beaucoup de déchets, plus que d’habitude à Antibes », constate-t-elle.
« C’est important qu’on soit là. Je veux montrer au gouvernement qu’on s’active, eux aussi doivent agir! »
Sur l’autre rive du Paillon, Thando Mazomba, qui a fait le déplacement depuis l’Afrique du Sud avec l’organisation OceanHub Africa, se retrousse les manches pour nettoyer le sol des détritus.
Un peu plus loin, Sarah Chouraqui, directrice générale de l’association Wings of the Ocean, longe la berge où s’amoncellent bouteilles de bière, canettes, et bouteilles d’eau. “C’est l’une des raisons pour lesquelles on pousse l’usage de la consigne, pour éviter qu’autant d’emballages à usage unique se retrouvent dans la nature”.
Quel résultat?
À 11h30, la joyeuse troupe se retrouve sous le pont, à côté des sacs plastiques remplis de déchets. Pour marquer le coup, ils imaginent une œuvre: une pieuvre géante avec les déchets, les bénévoles formant ses tentacules.
« On a choisi la pieuvre comme symbole d’un écosystème marin en bonne santé. On doit protéger 30 % des océans d’ici 2030, mais on est encore loin de cette réalité », explique Andreas Noe, artiste et activiste allemand du projet The Trash Traveler, à l’initiative de l’œuvre.
Opération de ramassage dans le lit du Paillon. The Trash Traveller.
Les bénévoles ont ramassé plus d’une tonne de déchets en une matinée, hier, le long du Paillon à Nice. The Trash Traveler.
En deux heures, une tonne de déchets a été collectée. « En général, sur ce type d’opération, on dépasse plusieurs tonnes. Mais ce matin, avec l’élan collectif, on a tout simplement épuisé le gisement sous le pont René-Coty », se réjouit Mathieu Perino.
Ces actions permettent non seulement de préserver la faune et la flore, mais aussi de faire évoluer les comportements.
« La ville de Nice (partenaire du collectif, NDLR) nous le confirme: le nombre de déchets sauvages diminue », ajoute Mathieu Perino.
Les déchets seront ensuite acheminés à la recyclerie des Moulins, puis envoyés à l’entreprise Recyclop à Marseille pour être incinérés et contribuer à produire de l’électricité.
Vous voulez rejoindre le collectif ?
Nice Plogging organise des séances 5 fois par semaine:
mercredi soir, dans différents quartiers de Nice (Garibaldi, Musiciens, Libération, Carras, Vernier, etc).
vendredi à 19 heures à la plage de Magnan
samedi à 10 heures à la Passerelle du Paillon ou à Coco Beach, et à 11 heures au Pont de la Liberté (Ariane)
dimanche à 10 heures à Opéra Plage.
Des collectifs se sont aussi lancés à Antibes, Cagnes-sur-Mer, Cannes…
Pour plus d’informations : https://niceplogging.com/