Hier matin, une cérémonie patriotique s’est tenue dans le parc Jean-Robert, en hommage au capitaine éponyme, pilote de guerre tombé pour la France en juin 1940. Organisé par son fils, cet hommage a réuni des officiels, une délégation de la base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun, qui porte son nom depuis 1982, ainsi que les membres de l’Association nationale des officiers de réserve de l’armée de l’air et de l’espace (ANORAAE) et une amicale historique de l’aviation française, les Vieilles tiges. Une stèle, érigée par la municipalité il y a quinze ans, rappelle l’attachement de la ville à ce héros local.

Criblé de balles, il sauve son équipage au péril de sa vie

Formé à Saint-Cyr, Jean Robert intègre l’armée de l’air et prend en 1940 le commandement d’une escadrille de reconnaissance. Affecté au nord de la France lors de l’offensive allemande, il enchaîne les missions à haut risque. Le 4 juin, son avion est pris en chasse par trois chasseurs ennemis. Malgré les piqués et les vols en rase-mottes, l’appareil est criblé de balles. Son observateur est tué, lui-même est grièvement blessé.

Malgré tout, Jean Robert réussit à ramener l’avion derrière les lignes françaises, sauvant ainsi la vie de son mitrailleur, lui aussi blessé. Jean Robert succombe à ses blessures peu après l’atterrissage, à Ormoy, dans l’Oise. Son acte de bravoure valut au capitaine Jean Robert d’être fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, et de recevoir plusieurs citations militaires. Depuis, sa mémoire est entretenue avec fierté, tant par l’Armée que par sa famille.

Le parc Jean-Robert, situé au 191 rue Bouillibaye, est librement accessible au public et la stèle du capitaine peut être visitée.


Jean-Pierre Robert Photo C. Go..

« Mon père est mort pour la France »

À presque 87 ans, Jean-Pierre Robert a organisé hier ce qu’il pense être la dernière cérémonie qu’il pourra tenir en hommage à son père, car, dit-il avec pudeur, « le temps fait son œuvre ». « J’avais dix-huit mois quand mon père est mort, je ne garde aucun souvenir de lui, confie-il. Il est mort pour la France, mais pour moi, c’est surtout un vide immense. »

Depuis, l’absence a pesé lourd dans la vie familiale. « C’était un traumatisme. On a tout fait pour m’éloigner de l’aviation. L’idée que je devienne pilote était inenvisageable. » Malgré les décennies, l’émotion reste intacte. « Cette cérémonie, c’est ma façon de transmettre. Elle rappelle que des hommes sont morts pour la liberté. Et peut-être qu’elle plantera une graine, celle du souvenir ou de l’engagement. »

Les neveux de Jean-Pierre étaient présents, venus honorer la mémoire de leur grand-père. « Peut-être que demain, ce sera à eux de prendre le relais. Et que, dans dix ou vingt ans, on parlera encore de son histoire. »