Le milieu du vélo marseillais a sa « safe place » et elle s’appelle Ecrew Vis. Fondé en 2021 et accueilli à la Maison du vélo (4e) depuis le début de l’année 2025, cet atelier de réparation féministe transmet le goût de la mécanique et déconstruit le sexisme répandu dans les activités manuelles.

Des centaines de pièces d’occasion à prix libre

Ce lundi soir du début du mois de juin, trois bénévoles – Marion, Ophélie et Anaïs – accueillent plus d’une quinzaine de participantes. Parmi elles, Emma fait partie des fidèles. « Avant, je ne connaissais rien à la mécanique et je n’avais pas de quoi payer un réparateur. J’ai trouvé la bienveillance dont j’avais besoin pour passer le pas et mettre les mains dans le cambouis. Depuis, je me déplace uniquement à vélo« , assure cette fonctionnaire de 28 ans.

À la Maison du vélo, qui accueille l’atelier tous les lundis soir, Charlotte ambitionne de réparer une roue voilée. « Je n’avais aucun outil chez moi alors qu’ici, il y a tout, sans parler des centaines de pièces d’occasion à prix libre qu’on peut trouver », se réjouit cette maître-composteure, tandis que les vélos réparés gracieusement par l’association sont, eux, proposés à la vente sur le compte Instagram de l’atelier.

« Quand je roule, je me sens en sécurité »

Postée devant le vélo électrique en bambou qu’elle s’est offert, Camille voit dans le deux-roues « le meilleur allié de la femme pour se sentir en sécurité » dans l’espace public. « Avec, on ne dépend de personne pour rentrer de soirée, et on peut aller vite en cas de problème sur la route », dépeint-elle. Raphaëlle a quant à elle eu la surprise de découvrir un vieux vélo Motobécane dans la cave de son nouvel appartement. « Même si je n’avais pas de compétences en mécanique, je me sens comme à la maison. Je sais que je ne serai jamais jugée ni mise de côté parce que je ne maîtrise pas les bons gestes en réparant », vante-t-elle, tandis que la charte des Ecrew Vis précise que l’atelier fonctionne « sans hiérarchie » et « sans mecs’cis’ (dont le sexe correspond à celui assigné à sa naissance) comme bénévoles ».

Chez les Ecrew Vis, « pas de petits surnoms affectueux ou de comportements sexistes. Tout le monde est sur un pied d’égalité et tant pis pour ceux qui ne le comprendraient pas », indique Marion, bénévole. Diplômée en 2024 de « technicienne cycle », la jeune femme en a fait l’un de ses « vrais jobs », avec la livraison à deux roues pour une entreprise marseillaise. « Je ne vois pas mes journées passer, ça veut dire que j’ai vraiment choisi le bon métier. Le seul problème, c’est que j’ai sept vélos et que je ne sais jamais lequel choisir. » En un mot : l’émancipation. En roue libre.