1 40 hectares à réhabiliter
De nombreux Rennais en parlent encore comme de la « Barre-Thomas », du nom de l’usine de pièces automobiles montée ici par Citroën dans les années 1950. Mais depuis une dizaine d’années, ces 40 hectares en friche sont devenus le « parc d’activité des Chevrons ». Un vaste ensemble foncier situé à l’ouest de Rennes, encadré par la rocade, le chemin de fer et la route de Lorient, et que les sociétés rennaises Mazureau et Lamotte (dans un second temps) ont racheté auprès de l’équipementier automobile américain Cooper Standard et entrepris de rénover petit à petit. «C’est du pur renouvellement urbain. On reconstruit la ville sur la ville», se félicite Cyrille Bernier, le directeur général de Mazureau. L’investissement engagé à ce jour est considérable : entre 150 et 200M€.
Les pilotes de la réhabilitation de la Barre Thomas : Philippe Degez (à gauche), directeur général Métiers de l’exploitation et du tertiaire chez Lamotte, et Cyrille Bernier (à droite), directeur général de Mazureau. (Photo Le Télégramme/Guillaume Bietry)2 Toujours une usine automobile, à l’avenir en pointillé
L’histoire des Chevrons est intimement liée à celle de l’usine Citroën, qui comptera jusqu’à 2 500 salariés au début des années 1970. Revendu en 2000, le site changera plusieurs fois de propriétaires avant de tomber dans l’escarcelle de Cooper Standard, qui engagera sa reconversion. Finie l’usine de 100 000 m² sur 40 ha. En 2016, l’outil industriel est recentré sur un bâtiment neuf de 19 000 m², sur un terrain de 5 ha. Un investissement de 12 M€ porté par Lamotte et Mazureau (avec la Caisse des dépôts), désormais propriétaires des murs et de l’ensemble du foncier.
Continental, qui a pris la suite de Cooper Standard en 2019, a mis en vente l’usine de pièces automobiles. (Photo Le Télégramme/Guillaume Bietry)
En 2019, à la suite de la vente d’une de ses divisions commerciales, Cooper Standard cède sa place à l’allemand Continental. Le groupe devrait lui aussi faire ses valises prochainement, celui-ci ayant annoncé, en décembre 2024, la mise en vente d’OESL, la division dont dépend l’usine. Si les quelque 350 salariés rennais ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés, Lamotte et Mazureau, eux, ne sont « pas vraiment inquiets ». « C’est un outil moderne dans un environnement moderne. On sait qu’il trouvera preneur », estime Philippe Degez, directeur général métiers de l’exploitation et du tertiaire chez Lamotte.
3 Commerces, restaurants, entreprises…
Outre l’usine Continental, environ 25 ha de terrains et de bâtiments ont été dépollués, démolis et réhabilités afin d’accueillir de nouveaux acteurs : des magasins de décoration et de cadeaux (B & M et L’Incroyable), des restaurants (dont Del Arte, KFC, Legend Factory et Brewklyn), des distributeurs pour les professionnels (dont Aubade et Rexel) ou encore des entreprises, comme le spécialiste de la lumière laser Cailabs. La plupart sont installés dans des bâtiments reconnaissables à leur couleur ocre et à leur architecture industrielle. « L’idée, c’était de redynamiser cette entrée de ville, sans oublier son passé industriel », explique Philippe Degez.
4 Des bureaux et un nouveau bar-restaurant en 2026
D’autres acteurs devraient prochainement arriver. Début 2026, la chaîne lyonnaise Ninkasi, qui brasse ses propres bières, devrait ouvrir un bar-restaurant où des concerts seront organisés. Il s’installera dans un bâtiment en cours de construction à proximité de Cailabs, qui, lui, prendra des bureaux supplémentaires au sein d’un ensemble tertiaire neuf de 11 000 m². La fin des travaux est prévue en décembre 2025. Le groupe d’audit et d’expertise comptable Mazars s’y installera également, ainsi que le réseau de salles de sport l’Orange bleue, qui va déménager son siège aujourd’hui situé à quelques mètres. Quelque 2 000 m² de surface sont encore à commercialiser.
Environ 11 000 m² de bureaux sont en cours de construction. Ils accueilleront notamment Cailabs, Mazars et le nouveau siège social de l’Orange bleue. (Photo Le Télégramme/Guillaume Bietry)5 Encore 10 hectares, pour quoi faire ?
Au bord de la rocade, 10 ha attendent encore une nouvelle vie. « Les travaux de dépollution ont démarré récemment. Nous espérons pouvoir engager la suite des travaux d’ici 18 mois », rapporte Philippe Degez. Selon lui, les équipes « commencent à réfléchir à des projets d’aménagements ». Rien n’est acté à ce jour. Si l’homme d’affaires François Pinault, propriétaire du Stade rennais, s’intéresse au terrain pour éventuellement y construire un nouveau Roazhon Park, Lamotte et Mazureau imaginent plutôt des entreprises et pourquoi pas des enseignes de loisirs et de sport. En fonction des projets retenus, le
bâtiment encore debout sur la parcelle, seul vestige de l’ancienne usine Citroën, pourra être conservé. Sa démolition a été stoppée afin de préserver sa charpente métallique de type Eiffel.
Dix hectares sont encore à dépolluer le long de la rocade, en face du Roazhon Park. (Photo Le Télégramme/Guillaume Bietry)