Alors que 700 soldats doivent venir prêter main-forte à la Garde nationale déjà sur place, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, dénonce «le fantasme fou d’un président dictatorial».
Quelque 700 militaires des Marines, un corps d’active de l’armée américaine, vont être déployés à Los Angeles, a annoncé lundi 9 juin le commandement militaire régional, marquant un nouveau durcissement de la réponse fédérale aux heurts survenus dans la grande ville californienne. Le Commandement militaire américain pour l’Amérique du nord (US Northern Command) a indiqué dans un communiqué avoir «activé» quelque «700 Marines» qui vont se joindre aux militaires de la Garde nationale, un autre corps, de réserve celui-là, déjà déployés par le président américain dans la mégapole californienne.
«Au vu de l’augmentation des menaces contre des fonctionnaires fédéraux et des bâtiments fédéraux, 700 Marines d’active» basés dans le sud de la Californie «vont être déployés à Los Angeles pour aider à protéger les fonctionnaires et bâtiments fédéraux», a par ailleurs expliqué à l’AFP un haut responsable américain sous le couvert de l’anonymat, corrigeant ses propos après avoir dans un premier temps parlé de 500 soldats.
Déjà 2100 gardes nationaux sur place
Le commandement militaire régional a indiqué que l’opération en cours à Los Angeles, qui porte le nom de Task Force 51, «regroupait environ 2.100 gardes nationaux» et «700 Marines d’active». Tous ont été «formés en matière de désescalade, gestion des foules et règles du recours à la force.» Le déploiement de militaires d’active sur le territoire américain est une décision exceptionnelle, qui inquiète les défenseurs des droits civiques.
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, déjà opposé à l’envoi des gardes nationaux, une décision qu’il a attaquée en justice, a estimé que le déploiement de militaires d’active assouvissait «le fantasme fou d’un président dictatorial». «Les Marines américains ont servi honorablement dans de multiples guerres pour défendre la démocratie. Ce sont des héros», a écrit Gavin Newsom sur X. «Ils ne devraient pas être déployés sur le sol américain, face à leurs propres compatriotes, pour réaliser le fantasme fou d’un président dictatorial. C’est une attitude antiaméricaine.»
Un peu plus tard lundi soir, Gavin Newsom a confié sur X avoir été informé du déploiement prochain de 2.000 Gardes nationaux supplémentaires, ce qui porterait le total de militaires déployés sur place par l’État fédéral à 4800 soldats. Le gouverneur de Californie a déploré au passage les conditions de vie des réservistes de la Garde Nationale, à qui, selon lui, il n’aurait été donné «ni nourriture ni eau».
Donald Trump «a tendance à utiliser les grands mots et à exagérer assez souvent», note William Banks, professeur de droit à l’université de Syracuse. Les Marines déployés lundi le sont «pour assurer la protection des fonctionnaires et bâtiments fédéraux», selon le Commandement militaire pour l’Amérique du Nord, et non pas expressément pour assurer une mission de maintien de l’ordre. Pour cela, Donald Trump devrait invoquer formellement la «Loi sur l’insurrection» ou «Insurrection Act», ce qui n’a été fait qu’une trentaine de fois depuis la création des États-Unis. S’il passait à l’acte, il irait «à l’encontre de la tradition américaine, qui est de laisser le maintien de l’ordre aux civils», donc à la police, poursuit William Banks. Ce texte est invoqué «quand tout fout le camp», résume l’expert. «C’est une pente glissante. S’il déclare l’état d’insurrection, ses pouvoirs seront presque illimités.» Derrière l’aspect légal, le bras de fer est très politique.