Des écrits retrouvés de Jean Auchatraire ont donné lieu à la publication de « La Légende Charade, petite histoire d’un grand circuit ». L’ouvrage permet de revivre avec son créateur, les péripéties de la création du circuit au milieu des années 50, puis de son exploitation.
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https://www.7joursaclermont.fr/wp-content/uploads/2025/06/mwc-elevenlabs-2156953-1749507375.mp3L’EssentielLe livre « La légende Charade, petite histoire d’un grand circuit » de Jean Auchatraire retrace l’histoire du Circuit de Charade, de sa création dans les années 50 à son exploitation, enrichissant ainsi la mémoire de ce lieu emblématique du sport automobile.
Patrick Auchatraire, fils de l’auteur, a décidé de publier des écrits retrouvés de son père, qui apportent un éclairage personnel sur la période de 1955 à 1972, alors que Jean Auchatraire était président de l’ASACA.
L’ouvrage met en lumière l’importance des relations humaines et des petites histoires qui ont contribué à façonner le circuit, témoignant d’une époque où l’enthousiasme et la passion pour le sport automobile prédominaient.
Le récit de l’histoire du Circuit de Montagne d’Auvergne, plus connu sous le nom de Circuit de Charade qui est lié à l’histoire du sport automobile, grâce aux archives de la presse mais aussi à l’excellent ouvrage Le plus beau circuit du monde – 1958-2002* publié par Patrick Besqueut qui en était la mémoire. Plus rares sont les écrits qui concernent la période qui a précédé la première compétition du 27 juillet 1958.
Ce manque est désormais comblé grâce au nouvel ouvrage La légende Charade, petite histoire d’un grand circuit. Il est signé Jean Auchatraire, personnage au combien important dans l’histoire de ce circuit dont il était à l’origine. C’est Patrick, l’un de ses deux fils, qui a décidé de rendre public des écrits de son père, récemment retrouvé dans les archives familiales. Dans un cahier, Jean Auchatraire avait consigné avec soin en 1975, de nombreux éléments sur la période 1955 à 1972, alors qu’il était président de l’ASACA, la branche sportive de l’Automobile Club d’Auvergne. S’il avait donné beaucoup d’informations à Patrice Besqueut, ce nouvel ouvrage sonne comme « une voix venue du passé » apportant à l’histoire des éléments plus personnel du créateur du circuit.
Retour dans la décennie 50
En 1953, l’ASACA commence à réfléchir aux commémorations des 50 ans de la Coupe Gordon Bennett, disputé sur un circuit aménagé autour du puy de Dôme. Comme, un demi-siècle plus tard, il n’est plus possible de recréer le parcours, germe l’idée de créer ce qui se faisait à l’époque, un circuit de ville. La zone Herbet-le Brézet se montre adaptée à l’installation d’un circuit utilisant des axes de circulation propices. La municipalité clermontoise soutient le projet et programme même des travaux de voirie.
La course du cinquantenaire, annoncée pour le 10 juillet 1955, n’aura jamais lieu. Un mois plus tôt, les 24 Heures du Mans connaissent une terrible tragédie, l’accident de la Mercedes de Pierre Levegh, qui cause la mort de 82 morts et fait 120 blessés. Face au plus important accident du sport auto, les autorités de l’époque annulent, séance tenante, toute les compétitions de vitesse. Quelques jours plus tard, lors de la visite des installations d’Herbet à moins d’un mois de la date de la course commémorative, une autorisation temporaire est proposée mais au regard des coûts, Jean Auchatraire préfère jeter l’éponge et chercher une solution pérenne pour l’avenir. C’est du côté du puy de Gravenoire et de Manson qu’un autre circuit est imaginé. Ce sera un circuit de montagne comme il n’en n’existe nulle part en France.
Une histoire d’homme
Comme le sous-titre du livre l’évoque, la légende de Charade a pu s’écrire avec la complicité de
nombreux hommes qui ont favorisé l’aboutissement du projet. Le premier cité est naturellement Louis Rosier, ami de Jean Auchatraire, qui imagine le premier tracé du circuit. Il meurt dans un accident lors d’une compétition sur l’autodrome de Linas-Montlhéry en 1956 et ne verra hélas pas la version définitive du tracé. Mais Jean Auchatraire peut s’appuyer sur les compétences du truculent Raymond « Toto » Roche responsable du circuit de Reims et compter sur la bienveillance des institutionnels comme Gabriel Montpied, le maire de Clermont ou le Préfet Perony où les conseillers généraux. Tous facilitent l’avancée du dossier. Impossible de parler du circuit sans évoquer également des hommes dont les noms résonnent encore aujourd’hui à Clermont : Pingeot, Puiseux, Duplaix, Michy pour ne citer qu’eux, auxquels s’ajoutent les 750 personnes mobilisées pour la première course en 1958 et tous les bénévoles qui prêteront main forte lors des compétitions suivantes.
Petites histoires pour grande histoire
Les notes personnelles de Jean Auchatraire permettent de se replonger dans une époque les relations humaines l’emportait bien souvent sur d’autres considérations. Sans une multitude de petites histoires, Charade n’aurait pas pu s’inscrire dans l’histoire que l’on retient aujourd’hui. Une voiture garée « dans le bon sens », deux magnums de champagne trop vieux, des pilotes qui tentent un coup de bluff mais qui se font copieusement rembarrer, un coup de vent qui favorise l’abatage d’arbres mal placés… autant de témoignages et de moments vécus qui ne peuvent que rendre nostalgique de cette fameuse période des Trente Glorieuses durant laquelle tout semblait possible, avec un minimum de convictions et une gestion en bon père de famille.
Le témoignage du « Père de Charade » prend fin en 1972, année du dernier Grand Prix de France de Formule 1 . Une page se tourne, même si le GP moto de 1974 reste un événement majeur. Malgré un combat acharné pour prolonger la vie trépidante du circuit, en 1975 les fameuses autorités mettent un terme à l’âge d’or du plus beau circuit du monde selon les dires de du pilote Stirling Moss. Jean Auchatraire prend sa retraite en 1978, continuant à suivre l’évolution de Charade En 2001, à 94 ans, un an avant de retrouver les pilotes au paradis, il est présent lors de l’inauguration du nouveau petit circuit permanent.
L’époque à définitivement bien changé. Ce que Jean Auchatraire a pu vivre et faire vivre à tous les passionnés appartient à un autre temps dans lequel il est aujourd’hui passionnant de se replonger. Ce nouvel ouvrage était le chainon manquant de l’histoire, désormais le tour de 8.055 km de l’ancien circuit est bel et bien bouclé.
*Version enrichie du livre Charade 1958-1988
La Légende de Charade, petites histoires d’un grand circuit, Jean Auchatraire, Édition Vals d’Allier. Présentation en présence de Patrick Auchatraire, mardi 18 juin de 15h à 19h à la Librairie Les Volcans, boulevard Mitterrand à Clermont.
*Version enrichie du livre Charade 1958-1988