Bien partis pour devenir médecin, chirurgien ou même cardiologue comme c’est le cas du Rouennais Olivier Dosseh, les internes en médecine ont pourtant les pires difficultés à se loger à proximité des hôpitaux où ils exercent. Installé à la clinique de l’Europe depuis 2024 et l’obtention de son diplôme, ce dernier se souvient avoir choisi Rouen depuis Paris où il avait commencé ses études « pour sa proximité ».
« Cela me permettait de faire plusieurs visites d’appartements dans une même journée alors que j’avais des opportunités à Dijon, Tours, Reims… Du coup, j’ai fait mon choix en fonction de mon futur lieu de résidence plutôt qu’en lien avec ma formation. » Même si aujourd’hui il ne regrette pas son installation en Normandie, le jeune homme de 30 ans n’a pas oublié ces difficultés. Ce qui l’a poussé à créer un plateforme web, baptisée HomeDoc, pour mettre en relation propriétaires privés et internes à travers la France.
« Un interne, c’est généralement quelqu’un de sérieux qui a des revenus réguliers – dans une fourchette comprise selon lui entre un peu plus de 2 000 € au début et jusqu’à plus de 3 000 € en fin de cycle, suivant les gardes -, mais qui a aussi des contraintes spécifiques », assure Olivier Dosseh. Horaires à rallonge qui compliquent les visites, mouvements réguliers par cycle de six mois suivant les parcours…
Une instabilité qui peut constituer un frein pour les propriétaires
« 70 % des internes changent de ville à l’issue du concours de l’internat. En outre, leur formation comprend systématiquement un stage en périphérie, pouvant nécessiter un déménagement temporaire ou le cumul d’un logement principal avec un autre lieu de résidence », continue le jeune homme. Une situation pas forcément connue des propriétaires privés qui peut constituer un frein…
Sans compter que les offres qui leur sont spécifiquement dédiées à proximité des lieux de soin sont souvent saturées. « Les places en internat au sein des CHU sont parfois réservés à des médecins étrangers qui, avec les internes, sont des rouages essentiels pour faire tourner la machine », assure le cardiologue.
Pour l’heure le site compte près de 2 300 inscrit, dont 600 étudiants dont le statut a été vérifié. « Chaque interne, précise-t-il, est référencé avec son numéro RPPS qui, pour faire court, permet de délivrer des ordonnances et atteste la réalité de sa fonction. Il le suivra d’ailleurs toute sa vie de professionnel de santé. »
Pour l’heure, la plateforme est encore en développement, même si les premières mises en relation – une quinzaine en quelques semaines – ont déjà été réalisées. Majoritairement pour des meublés. Et sans frais pour l’instant.
« Un interne qui trouvera un logement où il se sent bien aura plus de chance de s’installer dans la ville où il s’est formé. S’il passe son temps sur la route, il ne s’attachera pas », conclut Olivier Dosseh qui espère pour la première année d’existence d’HomeDoc avoisiner les 250 mises en relation, ce qui permettrait à la plateforme d’être quasiment à l’équilibre financièrement parlant. « Ça ne représente que 0,6% des 35 000 internes en France. Le potentiel est grand. »