Ils sont environ 700 marines américains à être arrivés ce mardi 10 juin dans la région de Los Angeles sur ordre du président Donald Trump. L’Etat de Californie a demandé à un tribunal d’empêcher cette mesure : «Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre est sans précédent et menace le fondement même de notre démocratie», a fulminé le gouverneur de l’Etat Gavin Newsom. «Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président. Nous demandons au tribunal de bloquer immédiatement ces agissements illégaux».
Les marines se trouvent actuellement dans une zone de transit en attendant d’être déployés dans des lieux spécifiques, a déclaré un responsable américain, alors que 4 000 soldats de la Garde nationale ont également été activés. En dépit des critiques des dirigeants locaux, le président républicain campe sur ses positions : «Si je n’avais pas envoyé l’armée à Los Angeles ces trois dernières nuits, cette ville qui était par le passé grande et belle serait en train de brûler en ce moment même», a-t-il écrit ce mardi sur son réseau Truth Social.
Donald Trump a aussi laissé ouverte la possibilité d’invoquer la loi sur l’insurrection, vieille de plusieurs siècles, qui permettrait à l’armée de participer directement au maintien de l’ordre civil, affirmant que l’on pourrait faire valoir que certaines parties de la ville étaient déjà le théâtre d’une insurrection.
Depuis vendredi, la mégapole à la forte population d’origine hispanique est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les sans-papiers et les forces de l’ordre en tenue anti-émeutes. La nuit a ramené un calme précaire dans le centre de Los Angeles, dont certaines rues chargées de gaz lacrymogènes témoignent des affrontements des derniers jours.
L’affrontement est double : celui, sur le terrain, opposant les forces de l’ordre à des manifestants protestant contre la politique répressive de Donald Trump visant les migrants entrés illégalement sur le sol américain ; et celui, très politique, entre l’administration du président républicain et la Californie, à l’avant-garde des Etats démocrates. Son gouverneur démocrate Gavin Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison Blanche pour 2028, a estimé que le déploiement de militaires d’active assouvissait «le fantasme fou d’un président dictatorial».
Mais la garde rapprochée du président en a rajouté dans la défiance envers les autorités locales. Gavin Newsom «mérite le goudron et les plumes», a affirmé le patron républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson.
Sans faire tache d’huile, le mouvement a gagné par contagion d’autres métropoles américaines. A Santa Ana, proche de Los Angeles, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes en direction de manifestants criant des slogans contre ICE, rapportent des journalistes de l’AFP. Des accrochages ont été également été signalés à New York et au Texas. A New York, la police a procédé à des arrestations lors d’une manifestation à Manhattan, et à Austin, des gaz lacrymogènes ont été tirés, selon la chaîne KXAN, filiale de NBC.
Donald Trump a enfin mis en garde ce mardi contre toute manifestation lors du défilé militaire qui aura lieu ce week-end à Washington à l’occasion du 250e anniversaire de l’armée américaine – ainsi que son propre anniversaire. «Les personnes qui veulent protester seront confrontées à une force très importante», a-t-il déclaré. Les forces de l’ordre se préparent à ce que des centaines de milliers de personnes assistent au défilé de samedi, a déclaré lundi Matt McCool, agent spécial des services secrets américains. L’officier a ajouté que des milliers d’agents seront déployés à travers tout le pays.
Le FBI et la police ont toutefois déclaré qu’aucune menace crédible ne pesait sur ces célébrations.