L’interprète de « Téléphone-moi » et « Parlez-moi de lui » s’est confiée sur ses dernières volontés. Un mois avant sa mort, Nicole Croisille, disparue le 4 juin à l’âge de 88 ans « des suites d’une longue maladie », la chanteuse avait en effet déclaré à nos confrères de Elle Magazine vouloir mettre fin à ses jours en Belgique. Atteinte d’un cancer incurable du foie, elle a dévoilé les dessous de sa volonté de programmer sa mort en Belgique, à condition que l’interview, qu’a pu consulter Le Parisien, soit publiée après son décès.
« C’est moi seule qui décide »
Hospitalisée en urgence le 1er juin, Nicole Croisille a été placée dans une sédation profonde, selon les directives de la loi Leonetti, qui ouvre, à toute personne majeure, la possibilité de rédiger, à tout moment, un document écrit, dénommé directive anticipée, qui stipule que les actes médicaux « ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. »
Dans son interview pour Elle Magazine, celle qui a créé et enregistré l’un de ses derniers albums avec le Vauclusien Roland Vincent évoque six mois de chimiothérapie « qui l’ont détruite ». « Nausées perpétuelles », « immense fatigue » ont longtemps rythmé son quotidien. Après un nouveau traitement, qui ne porte pas ses fruits, la star des années 70 finit par renoncer à se soigner. Elle assure « penser à l’euthanasie depuis des années », mais déplore : « En France, ça n’était envisageable que si un médecin s’engageait à m’aider en secret «
Nicole Croisille est aussi revenue sur ses démarches pour aller mourir en Belgique, accompagnée d’un « très bon ami oncologue », membre de la commission des soignants de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. Elle affirme « ne pas avoir peur » et n’attendre « que ça ». « C’est moi seule qui décide, je suis libre », insiste-t-elle.
‘La société, telle qu’elle est aujourd’hui, n’en a rien à foutre des vieux qui meurent », déplore la chanteuse. Pour elle, « pas question de finir dans un mouroir » ou de perdre sa dignité. « Je ne veux pas de la décrépitude, je ne veux pas être un poids », témoigne Nicole Croisille.
Elle avait entamé l’organisation de ses affaires et confiait avoir « écarté beaucoup de monde (…) pour que peu de personnes dépendent de moi ». Mais Nicole Croisille n’aura pas eu le temps de concrétiser son projet : la maladie l’a emportée trop vite.
Le 27 mai, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’un projet de loi créant un « droit à l’aide à mourir » en France, ainsi que celui sur les soins palliatifs. Ces textes doivent encore passer par le Sénat avant d’être adopté définitivement.