Les gigantesques incendies de forêt qui ravagent le Canada depuis le mois de mai continuent de se propager et les immenses panaches de fumée qu’ils rejettent dans l’atmosphère touchent désormais la Corse.
Ce mardi 10 juin, la qualité de l’air dans l’île oscille entre moyen et dégradé compte tenu de la présence de particules sahariennes. Doc Qualitair
Ce qui donne au ciel insulaire un aspect blanchâtre ou laiteux en journée et rougeâtre au coucher du soleil tandis que la visibilité est réduite. « Ces fumées ont abordé le continent et la Corse lors du week-end du 7 et 8 juin. Leur concentration diminue régulièrement au fil des heures mais, il faudra attendre jeudi (12 juin, ndlr) pour retrouver un ciel bien bleu », indique Patrice Fourcade, prévisionniste Météo-France au centre d’Ajaccio.
Le dioxyde d’azote et le monoxyde de carbone se sont dissous au-dessus de l’océan
Auparavant, ce nuage alimenté par les 200 foyers encore actifs et pris « dans le courant océanique, a traversé l’Atlantique à très haute altitude, entre 6000, 8 000 et 10 000 mètres ».
Sa trajectoire a changé à l’arrivée lorsque « l’anticyclone et les courants descendants présents sur notre région ont ramené les poussières près du sol et jusqu’à 1000 à 1 500 mètres d’altitude. Les hauts sommets ne sont pas impactés ».
Fort heureusement, les mouvements atmosphériques n’altèrent pas la qualité de l’air. Chemin faisant, le dioxyde de soufre, le dioxyde d’azote et le monoxyde de carbone charriés par le nuage, se sont dissous au-dessus de l’océan ou ont rejoint la haute atmosphère.
« Des particules sahariennes qui traînent au-dessus de la Méditerranée occidentale »
Qualitair Corse, en charge de la surveillance de la qualité de l’air dans l’île, ne relève « aucun épisode de pollution en cours ».
Ces jours-ci, les experts concèdent toutefois « avoir observé une légère augmentation des particules présentes dans l’atmosphère. Nous avons un peu doublé le niveau de fond tout en restant très loin des seuils que nous avons pu atteindre par moments. »
En outre, Jean-Luc Savelli, directeur de la structure, dissocie le résultat des mesures effectuées des incendies canadiens. Il le rattache plutôt à « des particules sahariennes qui traînent sur la Méditerranée occidentale ».
Pour autant, il n’est pas du tout surpris que « des émissions de fumées à des milliers de kilomètres puissent, à un moment donné, avoir des répercussions à l’échelle insulaire. Nous sommes sur une île mais pas dans une bulle. Et, nous savons très bien que les particules, lorsqu’elles sont poussées par des courants forts, circulent sur de très longues distances ».
Volcans en Islande et aux Canaries, incendies au Portugal et en Ukraine
De nombreux exemples le prouvent. Parmi ceux-ci, l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll qui, le 18 avril 2010, avait entraîné quelques heures durant la fermeture des aéroports insulaires. Le souvenir des violents incendies qui ont fait rage au Canada en 2023 est encore présent dans les esprits. « En 2021, nous avions aussi repéré chez nous, des traces de l’éruption volcanique de La Palma aux Canaries », rappelle le directeur.
En septembre 2024, les équipes de Qualitair ont suivi avec attention les incendies qui ont détruit des dizaines de milliers d’hectares au Portugal car « plus le sinistre est proche, plus son impact est important. Ces données sont intégrées dans notre prévision de la pollution de l’air ».
Quelques années plus tôt, en 2020, les incendies en Ukraine, non loin de Tchernobyl, avaient figuré un point de vigilance.
À l’époque, Qualitair avait « beaucoup échangé » avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) devenue depuis l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).