En réaction, les États-Unis vont réduire les effectifs de leur ambassade à Bagdad pour des raisons de sécurité.
L’Iran a averti mercredi qu’il ciblerait les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit avec les États-Unis, dont le président, Donald Trump, dit se sentir «moins confiant» de parvenir à un accord avec Téhéran pour encadrer son programme nucléaire. En cas d’échec des négociations, si «un conflit nous est imposé, l’autre camp subira assurément plus de pertes que nous», a déclaré le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh. «Leurs bases sont à notre portée» et «les États-Unis devront quitter la région», a-t-il ajouté.
Selon le site Internet de la chaîne américaine CBS, des responsables américains ont été informés qu’Israël est d’ores et déjà prêt à lancer une opération contre l’Iran.
Les États-Unis disposent de nombreuses bases militaires à proximité de l’Iran, la plus importante étant située au Qatar, où se trouve le siège du commandement central de l’armée américaine au Moyen-Orient (Centcom). Donald Trump a confirmé mercredi soir depuis le Kennedy Center à Washington le déplacement de membres du personnel américain dans la région «parce que cela pourrait être un endroit dangereux» dans les jours à venir. «Nous verrons bien ce qui va se passer», a-t-il déclaré à des journalistes. Il a également réaffirmé que les États-Unis ne voulaient pas que l’Iran développe une arme nucléaire : «Nous n’allons pas permettre cela», a-t-il déclaré.
Auparavant, des responsables américains avaient indiqué que les États-Unis réduisaient les effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité. Selon le Washington Post, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth aurait autorisé le «départ volontaire» des membres des familles de militaires des installations américaines à travers le Moyen-Orient.
Ils sont en train d’être déplacés parce que cela pourrait être un endroit dangereux. »
Donald Trump
L’agence de sécurité maritime UKMTO, gérée par la marine britannique, a publié une note d’information alertant sur «la montée des tensions» au Moyen-Orient, susceptible d’entraîner «une escalade des activités militaires avec un impact direct sur les marins».
L’Iran et les États-Unis, autrefois proches alliés mais à couteaux tirés depuis quatre décennies, ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sur le nucléaire sous médiation du sultanat d’Oman. De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon l’Iran. Selon le journaliste Barak Ravid, du média Axios, l’envoyé de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, va rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi dimanche à Mascate pour discuter de la réponse iranienne à la récente proposition américaine. «Je suis beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord», avec l’Iran, a déclaré Donald Trump dans un podcast du New York Post, enregistré lundi et diffusé mercredi.
«Sans morts, ce serait tellement mieux»
«Ils semblent tergiverser», a souligné le président américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. «Ce serait mieux de le faire sans guerre. Sans morts, ce serait tellement mieux», a mis en avant Donald Trump, ajoutant ne «pas voir le même enthousiasme» chez les Iraniens «pour conclure un accord».
Les deux pays tentent de s’entendre sur un potentiel texte qui empêcherait l’Iran de se doter de l’arme atomique – une ambition que Téhéran se défend farouchement de nourrir – en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie. Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium. Les États-Unis exigent que l’Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran considère cette demande comme non négociable, arguant qu’elle est contraire au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l’accord multilatéral sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015, mais dont les États-Unis se sont retirés. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%, d’après l’AIEA, gendarme onusien du nucléaire.
Un accord sur le nucléaire iranien de plus en plus improbable
L’Iran a reçu des États-Unis une proposition d’accord dont les éléments n’ont pas convaincu le pouvoir iranien. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur sur les dossiers stratégiques, a qualifié cette offre de «100% contraire» aux intérêts de son pays. Le texte américain, qui n’a pas été rendu public, ne mentionne pas la question de la levée des sanctions, dont Téhéran fait une priorité, selon le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf.
L’Iran a indiqué lundi qu’il soumettrait dans les prochains jours sa propre proposition aux États-Unis, au moment où l’AIEA tient cette semaine à Vienne une importante réunion trimestrielle qui passera notamment en revue les activités nucléaires iraniennes. Trois sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP que les Européens et les États-Unis avaient soumis mardi une résolution pour condamner «le non-respect» par l’Iran de ses obligations dans ce domaine.
En cas d’adoption, lors d’un vote prévu tard mercredi au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, cette résolution donnerait des arguments à ces pays pour déclencher un mécanisme permettant de rétablir des sanctions onusiennes contre l’Iran, une clause prévue dans l’accord sur le nucléaire de 2015. L’Iran a menacé de réduire sa coopération avec l’AIEA si une telle résolution était adoptée.
Le pacte de 2015 avait été conclu entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) plus l’Allemagne. Mais en 2018, Donald Trump en avait retiré unilatéralement son pays et rétabli des sanctions américaines contre l’Iran. En représailles, Téhéran a dans la foulée fait monter en puissance son programme nucléaire.