Branle-bas de combat chez STMicroelectronics. Le groupe franco italien, champion des composants électroniques, a annoncé, ce jeudi 10 avril, les contours d’un plan de transformation devant lui permettre de relever la tête sur un marché en baisse. L’entreprise, qui emploie 50 000 salariés, principalement en Europe, prévoit notamment jusqu’à 2 800 départs volontaires sur trois ans au niveau mondial. Elle va aussi concentrer ses investissements sur quelques technologies, moderniser ses sites et revoir leur organisation, afin de gagner en efficacité et en productivité. Plusieurs d’entre eux sont mentionnés dans le communiqué annonçant ce vaste plan : Tours, Crolles (38), Rousset (13), Agrate (Italie), Catane (Italie) Ang Mo Kio (Singapour), Kirkop (Malte)… Mais rien sur les deux sites rennais : un laboratoire de recherche de développement et un site d’assemblage et de tests de composants pour l’industrie spatiale.

Spécialisation

Pour ces deux implantations, qui emploient plus de 200 salariés, la direction assure qu’« il n’y aura pas de changement ». Ce ne sera pas le cas pour d’autres. Dans son communiqué, STMicroelectronics explique qu’il compte spécialiser certains de ses sites et créer des « écosystèmes » : en France « autour des technologies digitales », en Italie « autour des technologies analogiques et de puissance » et à Singapour « sur des technologies matures ». Certaines usines (comme Tours) verront donc des activités partir et d’autres arriver, avec à la clé des réductions d’effectifs, alertent les syndicats. Le groupe ne prévoit en revanche aucune fermeture, ni à Rennes (où une activité de fabrication de puces électronique a fermé en 2004 après une forte mobilisation des 600 salariés) ni ailleurs. « Chaque site existant continuera de jouer un rôle à long terme dans les opérations mondiales de l’entreprise », assure la direction.

Attrition naturelle

Si les sites rennais ne seront pas restructurés, leurs salariés pourraient en revanche être éligibles au plan de départs volontaires et aux mobilités internes et externes associées. À ce stade, le détail des pays et des sites concernés n’est pas connu. Selon la direction, les 2 800 départs vont être prochainement discutés avec les représentants du personnel et devraient surtout intervenir en 2026 et 2027. Le chiffre de 2 800 s’entend hors « attrition naturelle » (départs en retraite, démissions…). « Avec l’attrition naturelle, on arrive à un chiffre de 5 000 à 10 000 départs en trois ans, alerte Yan Neroth, représentant syndical CFDT, cité par le journal Les Échos. De tels niveaux posent la question de la continuité de l’activité dans les prochaines années. »

Avec ces mesures, le groupe entend générer plus de 300 M€ d’économies par an d’ici 2027. De quoi retrouver des couleurs après avoir vu ses bénéfices dégringoler de 63 % (à 1,5 milliard de dollars ou 1,3 milliard d’euros) en 2024. Après des années florissantes, STMicroelectronics a été confronté au recul du marché automobile, l’un de ses principaux débouchés, et à la montée de la concurrence asiatique. La guerre commerciale lancée par Donald Trump aux États-Unis ne devrait pas arranger ses affaires.