Une millenial atteinte d'un cancer de l'appendice.Le cancer de l’appendice reste encore rare : sa prévalence est de 0,12 cas pour un million de personnes, selon le National Cancer Institute américain. © Freepik

À moins d’avoir vécu une crise d’appendicite, rares sont ceux qui savent vraiment à quoi sert ce petit tube accroché au gros intestin. Pourtant, l’appendice pourrait bien devenir un nouveau sujet de préoccupation pour les moins de 45 ans.

C’est en tout cas ce que révèle une vaste étude publiée en juin 2025 dans la revue Annals of Internal Medicine, qui a analysé plus de 50 000 cas de cancers de l’appendice aux États-Unis sur une période de 44 ans. Les conclusions sont aussi limpides qu’inquiétantes : les millennials, la génération née entre 1981 et 1996, présentent un risque multiplié par quatre de développer cette forme de cancer par rapport aux baby-boomers (naissance entre 1946 et 1964).

Ce bond statistique a de quoi surprendre. Jusque-là, les cancers digestifs étaient surtout une affaire de séniors. Mais voilà que cette tendance s’inverse, lentement mais sûrement. Déjà pointé du doigt dans la hausse des cancers colorectaux précoces, le changement générationnel semble bel et bien à l’œuvre dans l’univers des tumeurs abdominales.

Cancer de l’appendice : quels sont les signes ?  Des symptômes discrets… et souvent ignorés

On a longtemps cru à une inutilité de l’appendice et qu’on pouvait facilement vivre sans. Une croyance sur laquelle on revient aujourd’hui. L’appendice contient en effet du tissu lymphoïde, ce qui lui confère un rôle immunitaire, et il agit comme un réservoir de bactéries bénéfiques. Alors, après une infection digestive, il relâche une quantité de bactéries pour restaurer le microbiote intestinale. Utile donc.

Le vrai problème, en revanche, c’est que lorsqu’un cancer s’y développe, il le fait souvent en toute discrétion. Il évolue dans l’ombre, souvent sans provoquer de symptômes flagrants. Ou alors, il mime d’autres troubles digestifs bénins : une gêne abdominale ici, un ballonnement persistant là, parfois une douleur vague dans le bas-ventre droit, qu’on attribue volontiers à un repas trop copieux ou à un transit capricieux. Chez certains patients, le diagnostic ne tombe qu’après une appendicectomie : ce n’était pas une simple inflammation, mais une tumeur. Surprise.

Pour d’autres, la fatigue chronique, la perte d’appétit ou de poids, ou encore un inconfort digestif prolongé auraient pu mettre la puce à l’oreille. Mais à 30 ou 40 ans, on a rarement le réflexe de penser “cancer” quand on a mal au ventre. 

Pourquoi les millennials sont-ils plus touchés que leurs aînés ?

Les scientifiques n’ont pas encore toutes les réponses, mais plusieurs pistes sérieuses émergent. L’évolution de notre mode de vie en est probablement l’un des facteurs clés. L’alimentation moderne, souvent trop riche en produits ultra-transformés, pauvre en fibres et en nutriments essentiels, n’aide pas notre flore intestinale à rester en bonne santé. 

À cela s’ajoutent : 

Autant de facteurs qui, combinés, pourraient créer un terrain propice au développement de tumeurs digestives. Plus globalement, cette génération grandit dans un environnement chimique très différent de celui de leurs grands-parents. Les perturbateurs endocriniens, omniprésents dans les plastiques, les cosmétiques ou les pesticides, sont aussi suspectés de jouer un rôle dans la hausse des cancers précoces.

Un diagnostic souvent tardif, faute de dépistage

Autre difficulté : il n’existe pas, à ce jour, de dépistage spécifique du cancer de l’appendice. Contrairement au cancer colorectal, qui bénéficie d’un test immunologique à partir de 50 ans en France, cette tumeur est rarement recherchée de manière proactive. Alors, dans près d’un cas sur deux, elle est détectée à un stade déjà avancé, avec des métastases au niveau du péritoine, du foie ou des ganglions. Seule solution pour espérer un diagnostic plus précoce : rester attentif à son corps. 

En cas de :

  • douleurs abdominales récurrentes, 
  • de troubles digestifs inhabituels 
  • de perte de poids inexpliquée, 

il ne faut pas hésiter à consulter son médecin. Un simple examen d’imagerie, comme une échographie ou un scanner, peut parfois éviter bien des complications.

Le cancer de l’appendice reste une pathologie rare, mais sa progression chez les jeunes générations impose de ne plus le négliger. Si vous êtes un millennial, que vous mangez sur le pouce plus souvent qu’à votre tour, et que votre ventre vous envoie des signaux bizarres, prenez-le au sérieux. Ce n’est pas parce qu’on a 35 ans qu’on est invincible.

À SAVOIR 

Il existe deux principaux types de cancers de l’appendice : les tumeurs neuroendocrines, souvent découvertes par hasard et généralement peu agressives, et les adénocarcinomes muqueux, plus rares mais beaucoup plus dangereux. Ces derniers peuvent provoquer une accumulation de mucine dans l’abdomen (pseudomyxome péritonéal) et nécessitent des traitements lourds comme la chirurgie combinée à une chimiothérapie locale. Selon leur type et leur stade, la survie à 5 ans varie de 10 à 90 % selon l’Inca (Institut National du Cancer).

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