Mine de rien, ça commence à faire un bail qu’elle nous fait marrer. Avec ses tracas de la vie quotidienne, ses observations sur la vie de couple et tous ces petits trucs pas graves, qui nous tapent sur le système. Que ce soit au travers de ses apparitions dans Le Grand Journal, ses chroniques sur France Inter ou ses spectacles, Nora Hamzawi est dans le paysage de l’humour depuis une quinzaine d’années. Son nouveau spectacle, le troisième de sa carrière, à découvrir ce vendredi 13 juin au Théâtre Lino-Ventura, à Nice, n’a pas de titre.
C’est le premier qu’elle présente en tant que quadra, elle qui a tant été estampillée « trentenaire parisienne à lunettes, avec un chignon ». « Au début, je croyais que mon public me ressemblait, un peu comme dans une secte. Avec le temps, plus de gens se sont identifiés à ce que je racontais. Des femmes, mais aussi des hommes, des plus jeunes. Ça me fait vraiment plaisir. »
Plus de plaisir et d’interaction avec le public
Suffisant pour apaiser cette éternelle angoissée? Oui et non. « Je crois que j’ai un moteur qui fait que je suis toujours dans le doute. Parce qu’en réalité, dans ce métier-là, c’est toujours très incertain. Sincèrement, j’ai l’impression qu’il y a 3.000 nouveaux humoristes chaque jour… Mais parfois, j’arrive à me dire que j’ai un public fidèle. […] Je ne sais pas si cela tient à une forme de confiance ou d’expérience, mais je me laisse moins bouffer, je m’excuse moins d’être là. Et du coup, je prends plus de plaisir sur scène », développe Nora Hamzawi au téléphone.
Sur les réseaux sociaux, elle ne dévoile pas ses sketchs, préférant poster des séquences où elle fait des vannes avec le public. Un exercice de plus en plus fréquent, sans être automatique ni dévorer outre mesure la part écrite de son spectacle.
« J’ai l’impression que les gens apprécient de plus en plus quand le quatrième mur tombe. Ces interactions, elles ne sont pas systématiques chez moi. Mais j’aime bien me servir de ces accidents. »
« Une sorte de bulle pour se couper du monde »
Son show, qu’elle joue depuis mars 2024, elle l’a conçu comme « une sorte de bulle pour se couper du monde ».
« Quand j’ai commencé l’écriture, j’étais quand même très angoissée par l’actualité. Et je n’avais aucune envie d’en parler sur scène, parce que je trouvais qu’il n’y avait pas de potentiel comique. J’ai préféré parler de l’incidence de toutes ces infos anxiogènes sur notre quotidien. Mais aussi de la manière dont notre rapport à l’avenir, à nos enfants, à notre couple ou même notre sexualité sont troublés. Il y a un côté très intime et une recherche de joie à la fois dans ce que je propose. »
Sans que ce soit le point numéro un sur sa to do list, Nora Hamzawi fait en sorte de ne pas glisser dans un registre déplaisant, celui de la donneuse de leçons.
« Je trouve qu’on a de plus en plus besoin de prouver qu’on est intelligent, qu’on analyse, qu’on a un point de vue. Pour moi, le rire, c’est aussi quelque chose de très noble, qui sert à montrer qu’on a compris quelque chose sur le monde aussi, mais d’une manière beaucoup plus douce et émotionnelle. Et j’ai envie que les sujets abordés soient incarnés, qu’ils aient une dimension réelle. »
Un rapport « étrange » avec la Côte d’Azur
Nora Hamzawi, née en avril 1983 à Cannes, entretient un lien particulier avec sa région natale, d’où elle est partie à un an et demi, après le décès de son père. « Plus tard, on louait des appartements dans les parages, l’été. Mes souvenirs sont assez flous. Quand je reviens ici, je suis toujours très heureuse. Mais il y a quelque chose qui rend tout ça assez étrange. Il y a un truc un peu mélancolique, d’attachement. Et un côté très professionnel. La toute première fois où je suis venue ici dans ce cadre, c’était avec l’équipe du Grand Journal, pour le Festival de Cannes. J’ai vu ça comme un événement très impressionnant, tout en étant un grand cirque. J’y suis retournée plus tard avec Olivier Assayas pour Irma Vep, puis l’an dernier avec Jean-Christophe Meurisse, pour Les Pistolets en plastique [en tant qu’actrice, Nora Hamzawi compte une quinzaine de films et séries à son actif, ndlr]. Il y a une super visibilité pour présenter les films. Après, tout ce qu’il y a autour, il ne faut pas que ça dure trop longtemps. Il faut le prendre comme un jeu », rit-elle.
Nora Hamzawi en spectacle. Ce vendredi à 20h, au Théâtre Lino-Ventura à Nice. 31,99 euros. Rens. panda-events.com/ evenement/nora-hamzawi