Par

Fabien Binacchi

Publié le

13 juin 2025 à 16h23

Rouge d’un bout à l’autre, le train s’avance avec un certain retard sur la voie « N », la plus reculée de la gare Saint-Charles. Pour son premier voyage jusqu’à Marseille, avant les premières (vraies) rotations avec Paris dès dimanche, la compagnie italienne Trenitalia a dû faire face à un événement très inattendu ce vendredi 13 juin 2025. La fermeture des voies, un peu plus au nord, suite à l’explosion d’un pipeline. Plus de peur que de mal : l’incident n’a pas fait de blessé et l’ETR.1000 à grande vitesse est arrivé à temps pour le lancement de cette nouvelle étape de l’ouverture à la concurrence sur les rails de la cité phocéenne. Une offre en plus qui pourrait faire bouger les lignes et les tarifs ?

« Il nous faut gagner en notoriété »

À Saint-Charles, ce dimanche 15 juin, le train 6104 quittera le quai à 6h52. « À jamais les premiers », les voyageurs à bord du Marseille-Paris inaugural arriveront à Gare-de-Lyon 3 heures et 27 minutes plus tard. Avec un taux d’occupation qui devrait dépasser les « 50 % » sur les quatre allers-retours programmés pour ce premier jour d’exploitation.

« Le rythme de réservation devrait s’accélérer », espère le PDG de Trenitalia en France, Marco Caposciutti. « Il nous faut encore gagner en notoriété. Nos clients nous connaissent déjà sur l’axe Paris-Lyon, mais il faut aussi gagner le marché ici », explique-t-il à actu Marseille, aux côtés de SNCF Réseau, le gestionnaire des rails dans l’Hexagone.

Le rôle de SNCF réseau, c’est qu’il puisse y avoir le plus de trains qui circulent en France pour proposer la meilleure offre possible à nos concitoyens. On se réjouit [de l’arrivée de Trenitalia] aussi parce que nos recettes sont payées par chaque train qui circule et qu’elles servent à entretenir et à moderniser le réseau ferré.

Matthieu Chabanel
PDG de SNCF Réseau

Une « offre différenciée »

Installée dans la capitale des Gaules depuis 2021, la compagnie italienne aux grandes ambitions, y compris sur des lignes entre les deux pays, mise beaucoup sur le Sud pour s’offrir des parts de marché en France. Principal concurrent de la SNCF sur ses terres, elle profite de l’ouverture des rails à d’autres opérateurs en proposant une « alternative avec une grande attention sur la qualité », attaque le patron.

Trenitalia s’appuie sur son « offre différenciée ». « Nous avons beaucoup de classes de service, dont le niveau ‘executive’ haut de gamme, avec restauration illimitée, beaucoup d’espace et des sièges pivotables », décrit Marco Caposciutti.

Trenitalia moins cher que la SNCF

La compagnie attaque également fort sur les prix. Si le tarif d’appel du Marseille-Paris, à 27 euros, est légèrement plus élevé que celui affiché par la SNCF (25 euros), dans les faits, la compagnie française historique est battue, à classe équivalente.

Selon l’AFP, un aller simple le vendredi 25 juillet coûte minimum 61,90 euros (la plupart des billets dépassant les 100 euros) sur un TGV Inoui, contre 49 euros chez Trenitalia (et aucun train à plus de 100 euros). Tout ça, sans compter le service low cost de la SNCF, Ouigo, qui propose des Paris-Marseille dès 16 euros.

Des prix plus bas de 10 % à Lyon

Une différence de prix, dans l’offre classique, qui peut notamment s’expliquer par les trois premières années de ristournes offertes aux nouveaux exploitants par le gestionnaire des rails français, SNCF Réseau, mais que Trenitalia devrait essayer de maintenir. Une bénédiction pour le porte-monnaie de tous les usagers ?

À Lyon, l’arrivée de la compagnie italienne avait eu un effet sur les tarifs de toutes les liaisons avec Paris. Dans un rapport, en 2023, l’Autorité de régulation des transports notait que le niveau de prix moyen sur le Paris-Lyon était inférieur de près de 10 % à celui observé avant l’ouverture à la concurrence sur cette ligne. Dont acte à Marseille ?

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