« Nice a gagné le pari de l’océan », s’est félicité Olivier Poivre d’Arvor. La Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc-3), dont il était l’envoyé spécial de la France et le chef d’orchestre, s’achève ce vendredi à Nice (Alpes-Maritimes). Jamais un tel événement n’aura attiré tant de responsables politiques : 175 États membres représentés, 64 chefs d’État et de gouvernement, 28 chefs d’organisation internationale, 115 ministres. La Baleine, zone réservée au grand public, a vu défiler « plus de 100 000 personnes », estime l’Élysée.
Cette participation exceptionnelle se double de véritables avancées pour la protection des mers. À commencer par le traité sur la haute mer. Si les 60 ratifications n’ont pas été obtenues pendant la semaine niçoise, il y en a tout de même désormais 55. Les ratifications manquantes interviendront au plus tard en septembre, ouvrant la voie à une entrée en vigueur du traité en janvier 2026. « Bravo à la diplomatie française, c’est une belle surprise », salue André Abreu, directeur des affaires internationales à la Fondation Tara Océan.
Là où les associations de protection des océans sont plus circonspectes, voire déçues, c’est sur la question des aires marines protégées (AMP). Les annonces faites à Nice par 14 pays permettent de passer de 8 % à 12 % d’AMP dans les zones économiques exclusives de tous les États du monde. La Polynésie française a annoncé la création de la plus grande AMP du monde, d’une superficie de 4,55 millions de km2, dont 900 000 km2 où toute activité est interdite.
« Occasion ratée »
Les ONG dénoncent en revanche la faiblesse des annonces de la France, avec une limitation du chalutage de fond dans 4 % seulement des eaux territoriales de l’Hexagone (contre 0,1 % auparavant). François Chartier, chargé de campagne océans chez Greenpeace France, parle d’une « occasion ratée pour Emmanuel Macron qui se place en champion des océans ».
Autre déception, le fait que cinq pays seulement aient rejoint la coalition pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds, passée de 32 à 37 pays seulement, sur les 169 États membres de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). « Un code minier doit être approuvé à l’unanimité et, avec 37 pays, on va bloquer », a néanmoins affirmé Olivier Poivre d’Arvor, avant la prochaine réunion de l’AIFM prévue en juillet.
Sur la réduction des déchets, 96 pays ont signé la déclaration d’intention pour la réduction de la production de plastique, soit plus de la moitié des 170 pays impliqués depuis 2022 dans les négociations en vue d’un traité, qui doivent reprendre en août à Genève. Enfin, si les énergies fossiles, responsables du réchauffement et de l’acidification de l’océan, n’ont pas été abordées pendant cette rencontre onusienne, elles seront au menu de la prochaine COP sur le climat, en novembre à Belém, au Brésil.