Déjà connus des tribunaux pour des faits similaires, Eddy Tisserand, 27 ans, et Bilal Khemiri, 25 ans, comparaissaient une nouvelle fois pour avoir organisé, contre rémunération, le passage illégal de migrants de l’Italie vers la France. Tous deux avaient déjà été condamnés l’année passée.
D’ailleurs, lors de la période de prévention, qui s’étend du 2 octobre 2024 jusqu’au 20 janvier 2025, le second, qui prenait « 30 euros par tête », selon ses propres aveux, portait un bracelet électronique.
Son coprévenu était à quelques jours, voire quelques semaines de se voir en poser un. Selon la procureure Sandra Verbrugghen, tout laisse à penser qu’un véritable réseau était en place, avec une organisation structurée: Khemiri supervisait les opérations depuis son domicile, appuyé par un rabatteur, alors que les navettes effectuées par Eddy Tisserand se faisaient à bord de véhicules loués ou prêtés par des proches.
158 allers-retours en deux mois
Le ton est monté à l’audience entre la procureure et la défense, notamment à propos des chiffres avancés par les enquêteurs.
Entre le 14 novembre et le 20 janvier, 158 trajets auraient été effectués, avec un tarif moyen de 200 euros par migrant et un total estimé à 316 personnes transportées. Soit un bénéfice avoisinant les 64.000 euros.
Des estimations vivement contestées par les avocats de la défense. Maître Florian Abassit, conseil d’Eddy Tisserand, a exprimé ses doutes: « On ignore si M. Tisserand a réellement effectué tous ces trajets. On ne sait pas combien de passagers étaient à bord, ni même s’ils étaient en situation irrégulière ».
Maître Marie Seguin, représentant Bilal Khemiri, a enfoncé le clou: « On a pseudo-enquêté pendant 4 mois. Il n’y a aucune preuve de remise de caisse, pas d’argent lors de la perquisition ».
Et d’ajouter: « Monsieur Tisserand a peut-être parfois fait chou blanc, parce que pardonnez-moi, mais Vintimille ce n’est pas la caverne d’Alibaba ».
Bilal Khemiri a été condamné à six ans de prison, Eddy Tisserand à cinq ans, auxquels s’ajouteront quatre années supplémentaires pour le second après avoir été jugé et condamné dans la même journée, dans une autre affaire d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière.