Dernière tournée, dernier concert parisien ? Michel Polnareff n’a cessé de répéter que non ce samedi soir à l’Accor Arena. Une étape dans la capitale pour le chanteur de 80 ans, dans le cadre de sa nouvelle virée démarrée, à Londres, en avril dernier et produite par Décibels Prod, aussi derrière les tournées de Soprano, Ninho, Kendji ou encore la nouvelle version de la comédie musicale du « Roi Soleil ».
Mais « Polna » allait-il être à la hauteur du rendez-vous ? On se souvient que lors de sa précédente tournée, la toute première date à Nice avait été calamiteuse…
Son nouvel album « Un temps pour elles », est sorti le 25 avril, et il occupe actuellement le rang 86 au top des ventes. Et pour le concert parisien, si les plus mordus de ses « moussaillons », le surnom de ses fans, ont répondu présent, la salle de Bercy est loin d’afficher complet. De grandes bâches noires cachent le haut des gradins, et les sièges disposés dans la fosse ne la remplissent pas complètement, même si, selon la production, la jauge de la soirée se monte à 13 000 places. Dans les allées, l’ambiance n’est pas vraiment au rendez-vous, sans boutique officielle, excepté une au rez-de-chaussée.
Blouson et chapeau de cow-boy argentés
Mais pas de quoi décourager nombre de fans venus déguisés à l’image de leur idole, perruque sur la tête et lunettes de soleil blanches. Une couleur également arborée par une grande partie du public, et pas seulement à cause de leurs cheveux…
Il est 20h48, lorsque Polnareff apparaît en milieu de scène, entouré de neuf musiciens, pour démarrer le show avec « Le Bal Des Laze ». Son look est le même que toujours : blouson et chapeau de cow-boy argentés. La voix est tremblante, et pas exempte de fausses notes. « Bonsoir Paris, bienvenue à ma derrière tournée et pas ma dernière tournée », lâche-t-il derrière son piano à queue noir, avant de poursuivre sur « Tam Tam ».
Après avoir remercié ses fans et refait son jeu de mots, « on fait une très belle derrière tournée et pas dernière », il enchaîne avec « La Poupée Qui Fait Non », tandis que son public agite les mains pour lui aussi dire « non non non ». Sur « L’amour Avec Toi », il s’emballe, « j’aimerais faire l’amour avec vous tous, mais ça prendrait du temps », avant de nouveau répéter « bienvenue à ma derrière tournée et pas à ma dernière »…
« Michel, Michel »
Les tubes s’enchaînent, le groupe assure, mais chaque chanson a droit à son « pain ». Polnareff joue très peu au piano (il n’utilise que la main droite), voire même pas du tout comme sur « Tu N’M’Entends Pas », laissant une main sur son micro et l’autre sur l’instrument. La foule l’acclame pourtant « Michel, Michel ». « Il reste assis car il est fatigué, il ne joue pas beaucoup mais bon, il a 80 ans quand même », commente Sophie, une fan de variété française. « C’est peut-être la tournée de trop, mais les gens sont contents de le voir quand même ».
À 21h34, le temps se suspend pourtant. Dans une version a cappella, puis en piano voix (celle fois, il joue vraiment), l’artiste se lance dans une « Lettre A France » de haute volée. Comme une fulgurance, le moment émeut tous ses choristes, comme il appelle ses spectateurs qui reprennent cette balade en chœur. Et ces quelques minutes rappellent l’importance de ce morceau, monument de la chanson française.
« J’ai lu des critiques qui disaient que je ne jouais que très peu du piano et que j’utilisais pas la main gauche, raconte-t-il. Au début, j’ai cru que c’était un truc sexuel, blague-t-il. Alors, j’ai pris le pari de faire danser toute une salle avec seulement ma main droite ». L’audience rigole de son irrévérence, sa marque de fabrique. Et lui de balancer des airs composés d’accords avec une seule main, petit pied de nez à ses détracteurs. Avant d’enfoncer le clou en reprenant « Love Me, Please Love Me », « Tout, Tout Pour Ma Chérie ». Certains spectateurs quittent la salle, d’autres filment…
« Même si je ne le dis pas, je pense à vous tout bas… Merci Paris ! »
Après de longs remerciements à toute son équipe, Polnareff attaque « On Ira Tous Au Paradis » alors que les paroles défilent sur le fond de l’écran pour alimenter le karaoké géant. L’ambiance nostalgie marche à plein. Sur « Goodbye Marylou », c’est le public qui reprend le refrain qu’il ne peut plus chanter à cause de ses volutes aiguës désormais hors de portée pour lui, mais la force de la chanson joue à plein. Après un solo de piano, il reprend une deuxième fois « Lettre A France » avec l’ensemble de ses musiciens cette fois.
Et change les paroles pour l’occasion en déclarant « « même si je ne le dis pas, je pense à vous tout bas… Merci Paris ! » Un écran le cache enfin derrière l’inscription « la dernière » au terme d’un show d’environ une heure et demie, avant que l’Amiral ne mette les voiles sur sa prochaine destination…