Le ministre des Transports Philippe Tabarot a fait un geste tarifaire ce vendredi envers les usagers de la ligne de trains Clermont-Paris, connue pour ses incidents à répétition et surnommée la ligne maudite, afin de calmer leur « exaspération » en attendant de nouvelles rames, elles-mêmes en retard. « Je souhaite qu’on puisse faire des gestes au niveau de la tarification, c’est bien la moindre des choses par rapport à une qualité de service qui n’est pas à la hauteur », a dit le ministre lors d’une réunion avec les acteurs du dossier à Clermont-Ferrand.
Quelque 10 000 billets à 19 euros seront ainsi mis en vente en juin, 10 % de réduction seront offerts sur les abonnements, et le remboursement à 200 % au-delà de trois heures de retard sera généralisé. À « 600 euros par mois un abonnement, il n’y a personne qui s’abonne sur cette ligne, donc 10 % sur quelque chose qui n’existe pas, ce n’est pas un effort », a taclé Stéphanie Picard coordinatrice du collectif des usagers.
Des trains livrés en retard
En février 2024, un plan « inédit » sur trois axes avait déjà été annoncé pour cette ligne longue de 419 km et empruntée chaque année par 1,9 million de voyageurs : ajouter des locomotives, protéger les voies pour empêcher les chocs avec la faune sauvage et améliorer la gestion de crise. Mais les nouveaux trains n’ont pas été livrés à temps et les problèmes ont perduré. En 2024, 18,5 % des trains affichaient un retard de plus de cinq minutes, selon le cabinet du ministre, 22 % selon les associations d’usagers qui incluent les trains déprogrammés.
Et régulièrement les usagers restent longtemps en rade : en janvier, à cause d’une panne de locomotive, des passagers sont arrivés avec près de douze heures de retard à Paris. Une hausse tarifaire avait été annoncée juste après, augmentant « l’exaspération » des usagers, a rappelé le ministre Philippe Tabarot disant « comprendre ce sentiment d’agacement, voire de révolte ». « Si les rames étaient arrivées comme c’était prévu initialement en 2024 (…) on aurait tenu notre comité de suivi, mais probablement dans un climat beaucoup plus apaisé qu’aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Plusieurs dizaines de cheminots de la CGT ont manifesté en marge de la rencontre pour dénoncer « les conditions de travail compliquées » des employés « en raison du sous-investissement de l’État sur cette ligne », selon un de leur représentant Alexandre Miklas. Douze rames oxygènes pour remplacer les celles Corail devraient désormais être livrées en 2027. D’ici là, « on restera très dépendant d’un matériel (…) très vieillissant, qui tombe en panne assez régulièrement », a reconnu le ministre, qui a aussi annoncé la création de deux postes d’ingénieurs pour assister les dépanneurs en cas de panne.
Des élus, chefs d’entreprise, sportifs, usagers doivent emprunter mardi les lignes Cahors-Paris et Clermont-Paris pour remettre un livre blanc au ministère et sensibiliser sur les problèmes de ces lignes.