Inspecté en mai, le bar Nabulio a été contraint de fermer ses portes à l’issue d’un contrôle sanitaire d’un inspecteur de salubrité de la police municipale de Nice. Ce dernier a conclu à de « graves manquements aux règles d’hygiène ». Selon l’arrêté municipal, cette inspection a permis de constater notamment la « malpropreté des locaux » et une « absence de maîtrise des modalités de conservation des denrées alimentaires ».
Pourtant, cet établissement de la – festive – rue Bonaparte est ouvert depuis 11 ans et les avis postés sur l’établissement ne laissent rien entendre de la sorte: une note de 4,3/5 sur Tripadvisor, 4,5/5 sur Google Maps et des commentaires plutôt élogieux. « Ambiance excellente », « nourriture incroyable », « superbe accueil ».
« On fait le ménage deux fois par jour »
Vincent Pignataro, exploitant du Nabulio, déplore. « En gros, je suis fermé pour trois carreaux de carrelage cassés, un extincteur périmé et des joints de frigo usés », réagit le restaurateur. Il faut dire que le tour de la cuisine est vite fait: on peut à peine s’y tenir à deux. On y trouve un four, un évier, un micro-ondes, une salamandre (petit four utilisé pour gratiner des aliments) et un frigo. Car à part des planches apéritives, l’établissement ne sert que des boissons.
« À la fin de son contrôle, j’ai demandé [à l’inspecteur] si mon établissement était pourri, pour avoir un avis extérieur. Cette personne m’a répondu que non, mais qu’il y avait plein de petits manquements à corriger », se souvient Vincent Pignataro.
Il l’assure: en matière d’hygiène, il est particulièrement vigilant. « On fait le ménage deux fois par jour, je sais que c’est important », appuie le restaurateur. Pourtant, la Ville de Nice a justifié sa décision par une « urgence [à] préserver la santé publique ». Le soir du contrôle, les inspecteurs n’ont toutefois pas fermé l’établissement immédiatement et ont attendu la fin du service. Pour le gérant: « C’est bien la preuve que ce n’était pas dangereux ».
Pour l’exploitant, cette fermeture ne serait pas due à l’hygiène mais à une décision prise dans le cadre d’une affaire de nuisances sonores générées par son établissement. L’année dernière, une voisine du bar excédée par le bruit tardif avait jeté un seau d’eau sur la terrasse pour faire taire et fuir les derniers noctambules.
À découvert et un manque à gagner de 15.000 euros
Pour le propriétaire du bar, c’est l’incompréhension. « Nous nous sommes réunis récemment avec les commerçants de la rue Bonaparte et Anthony Borré [premier adjoint au maire de Nice]. Il a affirmé qu’il voulait vraiment une rue vivante, tout en précisant qu’il y aurait des contrôles », détaille Vincent Pignataro. Pour lui, c’est un acharnement. Le commerçant insiste: il faut que tous les établissements de restauration soient contrôlés régulièrement. Mais il aurait préféré que les inspecteurs lui proposent une seconde visite, sans fermer son bar.
Depuis qu’il a laissé sa porte close le 29 mai au matin, Vincent Pignataro œuvre pour corriger chaque manquement listé dans le rapport. Aidé par des proches, il a apporté tous les correctifs et mis un coup de propre. « En attendant je ne partirai pas en vacances avec mon fils cet été. Je suis à découvert et je suis à deux doigts de mettre la clé sous la porte », s’inquiète le propriétaire du bar. Sur ces deux semaines, il estime son manque à gagner à 15.000 euros.
Une réouverture prochaine?
Vincent Pignataro a contacté mercredi la cellule d’intervention mutualisée de la police municipale de Nice pour les inviter à un nouveau contrôle et permettre sa réouverture. « J’espère qu’elle arrivera au plus vite », s’impatiente-t-il. Pour l’heure, entre ses déboires avec le voisinage pour le bruit et cette inspection pour l’hygiène, le commerçant est amer. « Je me sens martyrisé et je viens travailler avec la boule au ventre chaque jour », glisse-t-il.
Malgré cette fermeture administrative, la rue Bonaparte continue d’être animée.
Selon nos informations, ces dernières semaines, d’autres établissements auraient fait l’objet de plainte de quelques voisins pour le bruit généré.