Ici, un beau corps masculin, moulé dans une combi, aussi orange que mini, aux bottes en vinyle orange, déploie de superbes ailes de papillon bleu scintillant. Là, un groupe assume ses masques de loup et de renard… en moumoute bleue ou verte : en l’occurrence des membres de la communauté Furry, aux personnages en fourrure, qui se dit « proche de la communauté LGBT + ». Plus loin, une drag en hauts talons bleu pâle fait vibrer ses immenses ailes orange. Et partout dans la foule, des pancartes : « I am a bitch », « J’ai le goût doux de vous », « Pas besoin de votre avis pour aimer »…
Revendications
Car si la Marche des visibilités est résolument festive, elle est largement revendicative, au-delà du mot d’ordre de cette édition : « Faire corps contre le fascisme ». « On n’est pas à l’abri d’un gouvernement RN, donc pas à l’abri d’une dénonciation », soulignent Ludovic et Jérôme, venus des environs de Mulhouse. Lunettes étoiles et paillettes sur le visage, ils sont venus militer pour « davantage d’acceptation » et pour résister à tout éventuel retour en arrière si la pression se relâche. Engagés dans une association aidant les enfants victimes du VIH au Togo, ils sont effarés : « Les hétéros ne sont pas du tout sensibilisés à ce problème. »
Autre réalité peu envisagée : la nécessité de l’inclusion. C’est une évidence pour Nicolas Schott, président du Festibad, un club de badminton inclusif à Strasbourg, « l’un des premiers en France ». Depuis deux ans, le club s’ouvre aux personnes non genrées dans un large esprit de tolérance. « Les temps changent et nous avec. Pour nous, cela fait partie du bon sens. »
Une grand-mère à la pride
« Il faut toujours défendre les libertés collectives, car rien n’est acquis : on le voit en Italie, en Hongrie… », renchérit le jeune Pierre, aux cheveux immensément longs et au sourire d’ange. Nimbé des strass de son T-shirt transparent, il est venu du sud de l’Alsace en compagnie de sa mère, Céline. Celle-ci dit ne pas se sentir condamnée par ses proches en venant participer à la pride (parade) avec son fils, mais regrette de ne se sentir « ni encouragée, ni soutenue ».
« Il y a encore beaucoup à faire, chez les politiques et chez les gens plus âgés », confirme Anouk, de Strasbourg, qui a déjà participé à plusieurs prides aux Pays-Bas. Pansexuelle, elle se sent attirée davantage par une personnalité que par le genre de la personne. Cela n’a pas été simple à faire admettre à sa grand-mère… qui a pourtant fini par l’accompagner à une pride.
Belle illustration de ce qu’est venu défendre Céline, la mère de Pierre : « Donner à chacun le droit d’être qui il est. »
Envie de badminton ? Prochain tournoi les 6 et 7 juin 2026 au Heyritz à Strasbourg (contact@festibad.org)