Un crime ultra-violent. Soudain. Déraisonnable. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2022 à Toulon, Anthony Jung, un sans-abri alors âgé de 36 ans, a battu à mort son compagnon d’infortune Farid B..
Pour trois fois rien. Pour quelques « insultes »récurrentes – et ce soir-là de trop – envers sa fille, a-t-il toujours affirmé dès sa deuxième audition de garde à vue. Des injures proférées par la victime quand celle-ci avait un coup dans le nez, ce qui arrivait souvent.
Tout aussi sûrement qu’Anthony Jung buvait tous les jours à haute dose « du rosé » depuis sa dernière sortie de prison, deux mois auparavant. Au moment de son interpellation, il présentait d’ailleurs un taux d’alcool de 2,5 g/l de sang.
« Je n’étais pas moi-même, souffle aujourd’hui Anthony Jung, accusé pour meurtre devant la cour d’assises du Var. J’avais consommé énormément d’alcool. J’étais comme possédé. »
Deux heures d’horreur
Le passage à tabac mortel a eu lieu au deuxième sous-sol du parking Lafayette, emplacement 255, là où le duo avait pris l’habitude de passer la nuit. Au chaud et sous l’œil d’une caméra de vidéosurveillance qui aura filmé minute après minute le calvaire de Farid.
Celui-ci aura duré près de deux heures durant laquelle la victime recevra par salves, sans jamais répliquer, environ 60 coups de poing et 22 coups de pied. Tous au visage.
Un acharnement qui aura provoqué chez le quinquagénaire un traumatisme cranio-facial ainsi qu’une défaillance cardio-respiratoire et neurologique fatale.
« On avait l’impression qu’il voulait achever la victime », se souvient le directeur d’enquête face au président Patrick Véron. Avec une telle violence, il ne pouvait que le tuer. »
L’accusé reconnaît les faits et les regrette. Mais il ne parvient pas à les expliquer. Photo Ph. A..
La première salve de coups de poing survient à 22h52. « Sept droites ». Anthony Jung s’arrête pendant dix minutes, boit du vin, s’allonge aux côtés de son « ami », fume une cigarette.
Puis revient à la charge. Les séries de coups s’enchaînent ainsi jusqu’à 23h15 et le départ soudain du sans-abri pour un quart d’heure. Farid B. est alors toujours vivant, comme l’attestent ses mouvements sur les images.
À son retour à 23h27, Anthony Jung enlève la couverture de Farid et assène huit coups de pied en pleine tête. Puis trois autres. Deux minutes plus tard, nouvelle volée d’horreur. Anthony Jung saute à pieds joints sur sa victime.
Après une heure à boire à côté de la dépouille de sa victime, Anthony Jung la secoue. Lui administre un dernier coup et s’en va chercher de l’aide. Il est 00h42.
« Ça rend fou de vivre dans la rue »
« Je n’arrive pas à vous dire pourquoi j’ai fait tout ça, bredouille l’accusé, la barbe fournie, l’élocution ralentie par un lourd traitement médical et le regard lourd d’une vie d’errance. Je sais juste qu’il m’avait insulté. C’était la première fois que j’avais autant de rage. C’était l’accumulation de tout. Ça rend fou de vivre dans la rue. Je suis désolé. J’ai honte chaque jour que Dieu fait. »
En état de récidive légale du fait d’une condamnation d’octobre 2007 pour trafic de stupéfiants, Anthony Jung encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Me Julien Garry assure sa défense. Le verdict sera rendu mercredi.