C’est une certitude, le thermomètre va grimper. Il va faire chaud, très chaud dans les jours qui viennent, jusqu’à mardi ou mercredi prochains a minima, partout en France hexagonale. La faute à un phénomène météo qui a déjà sévi depuis le début de l’année : le blocage en oméga.

Comme pendant plusieurs semaines au mois de mai, un air très sec et chaud en provenance du sud va prendre ses quartiers au-dessus du pays. Sa forme, suivant les contours de la lettre grecque oméga (ou celle d’un fer à cheval pour d’autres observateurs), lui vaut son surnom. « Nous serons sur un axe d’air de hautes pressions très large qui va remonter jusqu’aux îles britanniques et bloquer toutes les perturbations qui tenteront de s’aventurer sur le pays, explique François Gourand, ingénieur prévisionniste à Météo France. Une telle situation est propice à voir les températures monter progressivement. »

Pas d’orage à l’horizon

L’épisode à venir n’a rien à voir avec celui qui a provoqué, de vendredi à dimanche derniers et d’ouest en est, de très violents orages accompagnés, par endroits‚ d’averses de grêle. « Un front dépressionnaire massif a mis, lentement, trois jours à traverser le pays tout en réussissant à s’enfoncer dans la masse d’air chaud qui régnait sans que celle-ci puisse la dévier vers le nord, le Royaume-Uni ou les pays scandinaves, poursuit le spécialiste. Quand on met de la chaleur à l’avant de la perturbation, cela donne des orages qui peuvent devenir très violents. »

Pas d’orage à l’horizon cette fois-ci, tellement la masse d’air est importante et capable de tenir son rang en s’ancrant solidement dans le ciel, mais un mercure qui s’affolera à la hausse. D’abord autour des 30 °C sur la majeure partie du pays (autour de 25 °C dans l’Ouest) mercredi, avant de partir en flèche jeudi et vendredi, d’abord par la face atlantique sur les régions Poitou-Charentes et Aquitaine. « Le curseur va ensuite monter tranquillement autour des 33 degrés jeudi pour atteindre, vendredi, journée attendue comme la plus chaude de l’épisode, les 34 ou 35 degrés », détaille François Gourand.

Pour les spécialistes de la Chaine Météo, « on pourra probablement parler de vague de chaleur de jeudi à dimanche » et non pas d’un simple pic. Leurs homologues de Météo France n’excluent pas, de leur côté, que cette vague se transforme en canicule.

Vers le mois de juin le plus chaud jamais enregistré ?

Le vocabulaire est important car, en langage météo, chaque expression définit une situation différente. Le pic de chaleur est un épisode bref, de vingt-quatre à quarante-huit heures maximum, pendant lequel les températures s’affichent bien au-delà des normales de saison. On parle de vague de chaleur lorsque l’épisode s’étend sur davantage de jours et concerne l’ensemble du pays. Enfin, le seuil de l’alerte canicule est déclenché lorsque, sur au moins trois jours consécutifs, les températures restent très élevées de jour comme de nuit à des niveaux « susceptibles de constituer un risque sanitaire pour les personnes fragiles ou surexposées ».

Les seuils sont différents selon la situation géographique d’un département. À Paris, il doit faire au moins 31 °C le jour et pas moins de 21 °C la nuit. En Haute-Garonne, le seuil est le même la nuit, mais grimpe à 36 °C en journée. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, il doit aussi faire au moins 36 °C en journée, mais 19 °C la nuit. Les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône sont les deux départements où le critère nocturne est le plus élevé, avec 24 °C.

« Il est difficile de qualifier précisément cet épisode avant même qu’il ait lieu, tempère François Gourand, puisque c’est son intensité alliée à sa durée qui va déterminer s’il faudra parler de pic, de vague ou de canicule. Nous naviguons ce lundi autour de divers scénarios, avec un pic pour deux ou trois jours à peine, mais d’autres de vague sur quatre à cinq jours. Les seuils pour parler de canicule seront très probablement atteints par endroits mais impossible pour l’instant de savoir précisément où et sur quelle durée. Il est en revanche certain que la montée en températures se fera d’abord par le flanc ouest de la France pour ensuite s’étendre vers le nord et l’Est et s’installer probablement sur tout le territoire national. »

Certains observateurs parient sur de possibles records, dont celui du mois de juin le plus chaud jamais enregistré. La barre reste haute car il faudrait battre le mois de juin 2003, celui qui a précédé la canicule estivale historique en août de la même année, avec une moyenne nationale de 22,4 degrés alors que nous sommes, pour l’instant, à 20,5 degrés selon les derniers relevés de Météo France.