« Je ne suis pas navré, je suis en colère ! » Au téléphone, Victor Martin se contient. Le secrétaire de l’association LGBTQIA + (1) du Vignoble nantais Qui Nous Aime Nous Suive a découvert « avec émotion » le récent article de Médiapart qui révélait la venue au Hellfest, le 21 juin, du batteur Bård Eithun au sein du groupe Blood Fire Death. Et, à la veille du démarrage du festival de metal, ce jeudi 19 juin, il a décidé de dénoncer publiquement la situation : en 1992, cet artiste norvégien, 18 ans à l’époque, tuait de trente-sept coups de couteau un homosexuel qui lui aurait « fait des avances ».
« Cet homme a été condamné et a purgé sa peine, mais sa venue au festival est une insulte à toutes les personnes victimes d’actes anti-LGBTQIA + », affirme Victor Martin. Qui enfonce le clou en visant le patron du Hellfest : « Ben Barbaud dit qu’il fait de la musique, pas de la politique. Mais il donne sa vision de la société à travers cette programmation : il fait le choix de mettre dans la lumière quelqu’un qui a tué un homme. Pourtant dans le metal, il y a plein d’artistes très engagés pour les droits de tous. En 2025, autre chose entre en jeu que l’amour de la musique, qui ne justifie pas tout ! »
« Nous demandons des excuses publiques du Hellfest »
Qui Nous Aime Nous Suive demande « la déprogrammation de Bård Eithun, les excuses du Hellfest et la condamnation de ce choix par les partenaires du festival, notamment les collectivités publiques ». L’association pointe aussi la contradiction avec les principes affichés du Hellcare, le dispositif de prévention des risques et de lutte contre les discriminations mis en place par le festival : « Qui peut croire que les personnes LGBTQIA + puissent se sentir en sécurité dans un festival mettant sur scène le meurtrier d’une personne homosexuelle ? »
Interrogé, le Hellfest n’a pas souhaité s’exprimer ce lundi 16 juin. On se souvient que, lors du bilan de l’édition 2024 du festival, Ben Barbaud confiait à Ouest-France : « Aujourd’hui, le Hellfest est devenu un festival d’une telle ampleur qu’on nous attend sur des sujets de société, comme l’environnement ou les violences sexistes et sexuelles. »
(1) Qui défend les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer, agenre ou en questionnement.