Le quartier de Pontanézen, à Brest, s’est embrasé le jeudi 10 avril 2025 au soir, peu avant 23 h. Un bloc de béton posé sur les rails de tramway a forcé une rame de la ligne A à s’arrêter. Rapidement pris pour cible par une vingtaine d’individus aux visages masqués, touché par des tirs de mortiers d’artifice, le tramway a réussi à faire marche arrière et à regagner son dépôt, grâce à l’intervention rapide des policiers.
Mais ce sont bien les fonctionnaires de police qui étaient la cible des émeutiers, selon les diverses sources interrogées ce vendredi matin. À leur tour visés par les mortiers d’artifice, mais aussi divers projectiles, pendant de longues minutes, les policiers ont dû tirer de nombreuses grenades lacrymogènes pour disperser leurs assaillants. Quatre véhicules ont également été incendiés pendant ces affrontements. « Une véritable scène de guérilla urbaine », décrit ainsi une source policière.
Un véhicule de police ciblé par des jets de pierre
Pourquoi un tel embrasement ? Selon nos informations, ce coup de sang dans un quartier souvent éruptif trouverait son origine dans un premier incident survenu mercredi soir. Un rodéo urbain, le long de la ligne de tramway, aurait provoqué une première intervention de la Police nationale dans le quartier.
Le conducteur du véhicule impliqué, après avoir refusé d’obtempérer, a été poursuivi par les fonctionnaires de police, finalement attirés dans un « traquenard » : au cœur du quartier, le véhicule de police a été pris pour cible par un attroupement de jeunes. Le jet d’un pavé a notamment brisé le pare-brise du véhicule de police, poussé à quitter les lieux.
Selon nos informations, cet incident aurait provoqué un dispositif de patrouilles renforcées dans le secteur de Pontanézen, jeudi, avec plusieurs opérations de contrôle.
« Ils attirent la foudre et, après, réagissent »
Une présence qui dérange, puisqu’elle perturbe fortement le trafic de stupéfiants installé dans le secteur. Et c’est ce qui aurait provoqué l’attaque du tramway, qui n’avait pour seule finalité que d’attirer les effectifs de police (équipe cynophile, brigade anticriminalité et police secours) patrouillant sur le secteur. « C’est ce qui est fou avec ces jeunes de Ponta : ils provoquent, attirent la foudre et, après, réagissent parce que les collègues viennent dans leur secteur ! C’est incompréhensible », se désole un policier brestois.
Ce dernier pointe au passage les difficultés d’intervention dans le quartier : « Même s’il y a trois équipages police secours, la nuit, au milieu des tours, dans un secteur que ces jeunes maîtrisent parfaitement et où ils ont entreposé des projectiles ou des mortiers d’artifice, c’est extrêmement compliqué d’intervenir ».