C’est le projet prioritaire de la ministre de la Santé allemande nouvellement nommée Nina Warken : interdire un produit dont la consommation s’est généralisée chez les jeunes en Allemagne : le gaz hilarant. Le protoxyde d’azote est consommé pour ses effets euphorisants, mais les séquelles peuvent être lourdes pour la santé, le cœur, le cerveau et le système nerveux, avec des risques mortels ou de paralysie.
**La Grande-Bretagne a interdit depuis 2023 la détention de ce produit pour un usage récréatif. En janvier 2025, la France, qui depuis 2021 en interdisait la vente aux mineurs, vient d’étendre l’interdiction à tous les particuliers.
En Allemagne, le protoxyde d’azote était jusqu’ici en libre circulation, ou presque, mais une polémique de trop a provoqué une réaction de la nouvelle ministre de la Santé. Dans une petite ville du nord du pays, un automate installé près d’une école proposait directement à la vente des cartouches de gaz hilarant, vendu 20 euros, comme un banal produit festif.
Une interdiction généralisée après des initiatives locales
L’ancien ministre de la Santé voulait déjà prohiber le produit à la vente sur tout le territoire et des interdictions, dans certains Länder ou municipalités, sont déjà en vigueur. À Hambourg, le protoxyde d’azote ne peut plus être vendu aux enfants et aux adolescents depuis janvier 2025. Dortmund, Osnabrück et Francfort ont suivi le mouvement.
À Francfort, un sondage récent chez les 15-18 ans a montré qu’un adolescent sur six disait avoir déjà testé le produit, soit plus de 15%. En 2010, c’était 5%. Ce sont ces statistiques inquiétantes qui ont poussé la nouvelle ministre à agir. Ce projet de loi sera le premier qu’elle va proposer au Conseil des ministres dès que possible.
Aujourd’hui, ce gaz est considéré avant tout comme un anesthésiant. Il ne figure pas sur la liste des stupéfiants, malgré les addictions. La version médicale de ce produit ne peut être délivrée aux professionnels – par exemple les dentistes – que pour le traitement de douleurs légères. En revanche, le gaz hilarant industriel, utilisé par exemple pour faire mousser la crème, est en vente libre. Pour l’instant, l’Allemagne n’envisage pas d’aller aussi loin que l’État de New York, où la vente de crème chantilly est interdite aux moins de 21 ans.
Un dossier ouvert sur le long terme
« La priorité, c’est d’ajuster la loi et la réponse juridique au problème, explique Tino Sorge porte-parole des questions de santé à la CDU. Dans un premier temps, il s’agit de restreindre l’accès aux distributeurs automatiques, dans les commerces et sur internet. Mais il s’agira aussi, à plus long terme, d’essayer d’empêcher les autres possibilités pour s’en procurer facilement. Et la question de savoir où les jeunes peuvent trouver le protoxyde d’azote, et comment le gérer, sera discutée pendant le débat au Parlement, à la lumière des avis des experts et des expertes. »
Les professionnels de santé insistent déjà sur la nécessité de la prévention, dans les familles et à l’école. La ministre Nina Warken, elle, veut profiter de cette réforme pour interdire également le commerce et la distribution de GHB, la fameuse « drogue du violeur ». « Nous ne permettrons plus que des produits chimiques soient utilisés comme des drogues du viol », a-t-elle commenté dans une interview.