Par

Yann Rivallan

Publié le

17 juin 2025 à 17h58

Depuis plusieurs mois, ce sont eux qui paient la dépollution du site de l’incendie de l’entrepôt Bolloré Logistics. Highway France Logistics 8 est le propriétaire des murs du bâtiment où ont brûlé des milliers de batteries au lithium à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime), le 16 janvier 2023. Mais, parce qu’ils en ont « marre d’être pris pour les dindons de la farce », analyse Christophe Holleville, un militant qui suit de près le dossier Bolloré Logistics, le dirigeant de HFL 8 a décidé de contre-attaquer. On vous explique.

Des batteries qui n’avaient rien à faire là ?

Dans un long courrier adressé au BEA-RI (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses sur les Risques Industriels), le propriétaire de l’entrepôt de Grand-Couronne s’étonne d’être le seul à payer les frais de dépollution des sols alors qu’il n’avait pas forcément connaissance de ce qui était stocké par son locataire.

Depuis plusieurs mois, les représentants de Bolloré Logistics (l’exploitant de l’entrepôt) et Blue Solutions (le propriétaire des batteries), se réfugient derrière la législation. Comme ils ne sont pas propriétaires de l’entrepôt qui a brûlé, ils n’ont en théorie pas à assumer la dépollution. Elle incombe au propriétaire. Sauf s’il y a eu une faute grave du locataire.

Avec son courrier, HFL 8 s’attache à démontrer que Bolloré Logistics et Blue Solutions (qui font tous deux partie du groupe Bolloré) ont sciemment stocké des produits dangereux dans cet entrepôt alors qu’ils n’en avaient pas le droit. Si cette thèse est avérée, les deux entités du groupe Bolloré pourraient donc devenir responsables de la dépollution du site.

« Grand-Couronne servait de déchetterie »

Dans son courrier, le dirigeant de HFL 8 pointe « un doute sérieux » sur la légalité du stockage des batteries au lithium qui ont brûlé. Selon plusieurs documents, le propriétaire de l’entrepôt estime que les responsables de Blue Solutions « savaient pertinemment » que les batteries stockées étaient dangereuses, car elles présentaient un défaut de fabrication identifié et donc un risque d’emballement.

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Les modules défectueux, présentant un risque de court-circuit, étaient sélectionnés
pour être envoyés sur le site de stockage de Grand-Couronne, manifestement afin
d’éloigner le risque d’incendie loin du site de production d’Ergué-Gabéric [en Bretagne, NDLR].

Le dirigeant de HFL 8
Propriétaire de l’entrepôt incendié

Ce qui amène le propriétaire des murs à penser que « l’ensemble de ces éléments conduit à considérer que Grand-Couronne servait ainsi de « déchetterie » à Blue Solutions dans l’attente du développement d’une filière de recyclage interne pérenne ».

Une enquête faussée ?

Enfin, HFL 8 émet des doutes sur l’état des batteries fournies au BEA-RI dans son enquête sur l’origine du départ de feu le 16 janvier 2023.

Rien n’établit que les modules transmis par Blue Solutions étaient représentatifs des batteries et modules effectivement stockés à Grand-Couronne, dont il est acquis qu’ils étaient usagés et affectés par des défauts d’isolation.

Le dirigeant de HFL 8
Propriétaire de l’entrepôt incendié

En clair, HFL 8 doute que les batteries soumises aux tests pour déterminer les causes de l’incendie étaient aussi endommagées que celles présentes lors de l’incendie. Aux yeux de HFL 8, les batteries fournies au BEA-RI étaient probablement « saines », ce qui pourrait avoir faussé l’enquête.

Sollicités, les représentants de Blue Solutions et du groupe Bolloré n’ont pour le moment pas souhaité réagir à ce document.

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