Farah a du mal à retenir ses larmes. Depuis le 13 juin, la Franco-Iranienne, salariée du privé à Marseille – dont le prénom a été changé – est pendue à son téléphone.

De Téhéran, elle a le souvenir des étés de son enfance. La trentenaire marseillaise et son mari, également Iranien, y ont toujours des proches. Elle, un grand-oncle, de 88 ans. « La seule personne qui me reste. » Lui une famille entière, qui voit son quotidien sombrer dans la peur des bombardements, alors que l’escalade avec Israël ne faiblit pas.

À Marseille, dans leur appartement, le quotidien est désormais ponctué d’appels angoissés. « Mon grand-oncle est aveugle, confie-t-elle. Il est terré chez lui. On l’appelle tous les jours, mais je me sens impuissante, c’est terrible. »

« Partir de Téhéran, pour aller où ? »

Constamment sur les réseaux sociaux en quête de nouvelles, Farah réalise que les frappes s’abattent, petit à petit, sur la population. « On a vu des civils se faire tuer », répète-t-elle, horrifiée. 406 morts aux dernières nouvelles. « Les tirs visent des immeubles entiers. Hier, l’évacuation de tout un district a été demandée, ce qui est énorme. Téhéran, c’est 9 millions d’habitants. Les gens de la diaspora ont de la famille qui vit dans ces zones. Souvent des personnes âgées. Elles ne veulent pas partir de chez elles. L’aéroport est fermé, il n’y a quasiment plus de pétrole, ni d’eau potable. Et puis partir, pour aller où ? »