En partant du Vieux-Port, elle est l’un des points marquants de l’avenue du Prado, qui file ensuite tout droit vers la Cité radieuse de Le Corbusier. La place Castellane n’était jusqu’ici qu’un rond-point où l’on passe vite en voiture, un peu malheureux peut-être de ne pouvoir admirer que partiellement la superbe fontaine Jules-Cantini, sculptée à la demande du célèbre marbrier par André-Joseph Allar entre 1911 et 1913 et offerte à la ville.
Après deux ans et sept millions d’euros de travaux, la place a dévoilé ce samedi 14 juin un nouveau visage, plus apaisé et moins tonitruant : rendue aux piétons, elle met désormais en valeur sa fontaine et sa haute colonne autour desquelles on tourne, avant de s’asseoir sur un immense banc de 102 mètres de long, qui forme comme une grande parenthèse de repos autour du monument. Signé du designer marseillais Ora-ïto, comme l’ensemble de la conception de la place, celui-ci dessine, vu du ciel, la Paupière – c’est son titre – d’un œil grand ouvert sur le ciel.
La place Castellane à Marseille par Ora-ïto
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Un geste monumental mais sobre dans son dessin, dicté par de nombreuses contraintes. « Parmi elles, il y a les normes de sécurité, a expliqué le designer à La Provence. Les gens ne savent pas forcément qu’il y a de nouvelles règles, notamment depuis l’attentat de Nice. Donc plutôt que mettre des plots de sécurité partout, j’ai opté pour un geste architectural et une forme organique pour noyer la contrainte. »
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Une nouvelle identité pour cette place emblématique
Vue 3D du projet de rénovation de la place Castellane de Marseille par Ora-ïto
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En étroite collaboration avec le groupe d’ingénierie Egis et l’agence d’urbanisme et de design Stoa, le designer de 48 ans, également auteur des nouvelles rames du métro marseillais, a pensé sa place comme un carrefour. Non plus un embouteillage de voitures qui tournent en rond mais, au sens noble du terme, une plateforme où s’entrecroisent les piétons, les cyclistes (avec une piste parallèle au banc) et les usagers de la ligne de tram T3, qui longe l’assise et s’arrête à la nouvelle station « Castellane », elle aussi tout juste inaugurée.
Lieu de vie à part entière, la place veut aussi être un îlot de verdure avec ses 36 micocouliers, qui fournissent aux terrasses des cafés une ombre bienvenue. Quant au sol, son bitume initial a été remplacé par d’élégants pavés. Emblématique de la nouvelle identité dont peut se targuer Marseille, plus que jamais chérie des artistes et créateurs de tout poil, cet aménagement de 8 000 m2 est, enfin, un clin d’œil au centre d’art MAMO, créé en 2013 par Ora-ïto sur le toit de la Cité radieuse. Une petite sœur, la MAMO Project Room, sera inaugurée cet été, complétant le projet.
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Un designer star
Superstar du design, Ora-ïto a travaillé pour une grande variété de marques et de produits, posant sa patte sur des montres de luxe Vacheron Constantin, une relecture de la Renault 17, des baskets Nike, le tramway niçois, des bouteilles d’eau Ogo ou encore des cuisines modulables Scavolini. Sur la place Castellane, sa signature est bien visible, gravée dans le banc. Un nom devenu marque, pour une ville qui polisse son image et accueille de plus en plus d’hôtels de luxe ?
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