Dire que Marie-Rose* ne s’est pas démontée est un doux euphémisme. Lorsqu’elle s’est réveillée à 6 h 30 du matin, le 12 juin dernier dans son appartement du 14e arrondissement de Marseille avec un inconnu au pied de son lit, elle l’a attrapé par le col et lui a intimé : « Casse-toi ! » Son mari, travailleur matinal, était parti peu de temps avant. Sans demander son reste, l’homme a filé en sautant par le balcon, emportant avec lui le sac à main de sa victime.
Décrit précisément par Marie-Rose et capté par sa caméra de vidéosurveillance, le voleur a été reconnu quelques heures plus tard et interpellé en fin de journée par la police. Du moins, c’est ce qu’estimaient les enquêteurs. Car face aux juges, ce lundi 16 juin, Safeddine C. a nié en bloc les faits, assurant avoir été arrêté, alors qu’il faisait juste « un jogging » en direction de La Maurelette pour aller y travailler, avec plus de 1 000 euros en liquide et plusieurs bijoux personnalisés (gourmette gravée « Christophe », médaillon dédié à « Papi chéri »…) dans les poches.
Déjà interdit de territoire
Une explication rocambolesque qui n’a convaincu aucun des magistrats, d’autant que le prévenu portait encore ce short que sa victime avait si précisément décrit en appelant la police. Déjà condamné à deux reprises pour vol, l’Algérien, en situation irrégulière, était frappé d’une interdiction du territoire qu’il n’avait pas respectée… pour se faire prochainement opérer et ôter des broches chirurgicales à la jambe, a-t-il assuré. « Ça ne vous empêchait pas de faire du footing, visiblement », lui a rétorqué, acide, la présidente Anne Tertian.
Le procureur Nicolas Ruby a requis sa condamnation à 18 mois de prison ferme, les juges l’ont suivi. Et ce, malgré la plaidoirie de l’avocate du prévenu, Me Anne-Marine Magnin, qui avait tenté d’instiller le doute, rappelant que la tenue vestimentaire de son client était relativement courante, et que Marie-Rose n’avait pas su le reconnaître sur planche photographique. Sans succès.
* Le prénom a été modifié.