Par
Hugo Hancewicz
Publié le
18 juin 2025 à 6h04
Au nord de Montrouge (Hauts-de-Seine), à la lisière du périphérique parisien, le quartier Péri-Ginoux-Gautier n’a plus tout à fait la même allure. Longtemps marqué par le vacarme des moteurs et un paysage urbain minéral, ce secteur dense, à l’entrée de la petite couronne, opère depuis peu un virage vers un environnement plus apaisé et mieux pensé pour les usages quotidiens. « On respire un peu plus, mais ça reste toujours très bétonné », nuance Julia, habitante du quartier depuis huit ans. Assise en terrasse, place Théophile-Gautier, ce lundi 16 juin, elle cherche un peu de fraîcheur en pleine chaleur. « C’est un bel effort, la mairie a écouté, mais un peu plus d’ombre n’aurait pas été de trop », ajoute-t-elle. De son côté, la ville assure à actu Paris que « la végétalisation reste une priorité » et annonce « la création de nouveaux parcs » dans l’ensemble de la commune.
Un projet en concertation avec les habitants
Lancée en 2020, la transformation du quartier Péri-Ginoux-Gautier s’est construite sur « une concertation avec les riverains et les commerçants » précise la ville, dans l’idée de réconcilier qualité de vie et identité urbaine. Pour la municipalité, l’objectif était de rendre ce secteur très dense, où chaque mètre carré compte, plus lisible et plus vivant, sans le dénaturer.
Ces aménagements s’inscrivent dans une dynamique plus large menée à l’échelle des Hauts-de-Seine, visant à soigner les entrées de ville. Par exemple, à Suresnes, un vaste chantier est en cours pour transformer l’accès à la commune d’ici 2027, tandis qu’à Villeneuve-la-Garenne, des travaux plus larges visent à redonner vie à l’entrée nord.
« On risque de voir plus de familles »
Dans ce secteur de Montrouge, les signes de la métamorphose sont tangibles. Plus de 3 000 m² de pleine terre ont été ouverts, permettant la plantation de plus d’une centaine d’arbres, dont certains déjà adultes. À cela s’ajoutent des milliers de vivaces, arbustes et bulbes, qui donnent une nouvelle allure aux abords des squares.
Plusieurs squares ont été repensés, notamment pour les familles. (©HH/actu Paris)
Le square des Oliviers a été entièrement redessiné, intégrant un parcours ludique pensé pour les enfants. Un peu plus loin, le square Bouzerait s’est transformé en jardin public ouvert, avec en son cœur un espace de jardinage partagé. « On risque de voir plus de familles dans les prochaines semaines », espère Ahmed, retraité du quartier, qui salue déjà « un coin plus vivant ».
Une redynamisation du commerce local
En parallèle, le soutien aux commerces de proximité a été renforcé par la ville. « Ils bénéficient désormais d’une meilleure accessibilité piétonne, de nouvelles enseignes pour donner de la cohérence esthétique et de terrasses végétalisées », détaille la ville.
« C’est plus agréable pour tout le monde. On espère que les clients traîneront un peu plus sur la place »
Serveur
Place Théophile Gautier
Mais l’un des changements les plus visibles concerne la circulation. Les plans de voirie ont été repensés pour favoriser la marche et le vélo. Résultat : 725 mètres de pistes cyclables ont été créés, les espaces piétons agrandis, et les attaches-vélos multipliées. Les flux de circulation ont été repensés pour limiter les conflits d’usages et reconnecter les différentes zones du quartier.
« Ce n’est pas encore un havre de paix, mais on s’y déplace beaucoup mieux », glisse Sophie, mère de deux enfants et adepte des trajets à vélo avec ses bambins. Avant, je n’osais pas les emmener sur certaines portions. Aujourd’hui, on sent que c’est pensé pour nous ». Et pour cause, le quartier consacre désormais 30 % d’espace supplémentaire aux mobilités douces.
Le quartier a été repensé pour encourager les déplacements à pied et à vélo, avec une augmentation de 30 % des surfaces dédiées aux mobilités douces. (©HH/actu Paris)« Ce n’est pas assez ambitieux pour un quartier aussi dense et stratégique »
Mais derrière les plantations et les trottoirs refaits, certains riverains pointent la lenteur du chantier et le manque de lisibilité sur les investissements engagés. « Ça a duré des années pour un résultat qui reste partiel, souffle Marc, habitant de la rue Gautier. On a eu des nuisances pendant longtemps, mais au final, ça reste un quartier de passage, encore très bétonné ».
Le coût global de l’opération s’élève à 9,5 millions d’euros. Et pour certains habitants, le résultat ne justifie pas totalement un tel investissement. « Ce n’est pas assez ambitieux pour un quartier aussi dense et stratégique, estime tout de même Sophie. On aurait aimé une vraie rupture, pas juste un embellissement ».
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Mais la municipalité assure que la démarche ne s’arrête pas là. « La végétalisation est une priorité dans toutes les rénovations engagées », précise-t-on à la mairie. D’autres projets sont en cours ou à venir, notamment le futur parc au 127 avenue de la République, en complément du parc Schuman situé à proximité, et certaines rues doivent également être végétalisées à leur tour.
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