L’entrée de l’escalier 48 du bâtiment 38 de la rue de la Santoline, aux Moulins, est toujours cadenassée. « Ah non, y’a rien, y’a pas de travaux », jure un voisin. Qui esquisse une grimace: « Les familles ne reviendront jamais habiter ici, vous verrez ». « On a fini par presque oublier les pauvres gens qui sont morts là-haut », glisse-t-il encore, en pestant après les poubelles qui débordent. « Ça va bientôt faire un an non? », enchaîne le vieux monsieur habillé en boubou. « Y’a rien qui a bougé », martèle-t-il.

Sept morts d’une même famille

Dans la nuit du 17 au 18 juillet 2024, sept personnes d’une même famille ont péri dans un incendie criminel qui a ravagé leur appartement situé au 7e et dernier étage. Deux parents, trois enfants, de 5, 7 et 10 ans, un adolescent de 17 ans, et une tante: des Comoriens sans histoires et appréciés dans ce quartier de l’ouest de Nice.

Ce soir-là, les flammes, la suie, ou encore l’eau propulsée par les pompiers qui ont tout tenté pour sauver des vies n’ont pas épargné d’autres appartements de l’escalier 48. Et quatorze familles avaient été impactées, dont treize relogées par Côte d’Azur habitat (CAH) en attendant la remise en état des logements.

Au moins six mois de retard

En janvier dernier, le bailleur social assurait que tout serait terminé ce mois-ci. Sauf que le chantier n’a toujours pas commencé! « À la suite de la remise des rapports des experts d’assurance, de nouvelles expertises ont dû être menées, à la demande des différents assureurs », indique CAH. Le premier rapport rendu en décembre 2024 évoquait plus de 2 millions d’euros de travaux à engager. « Les travaux de réhabilitation doivent débuter d’ici la fin du mois, pour une durée estimée de six mois, avec une livraison prévue pour la fin d’année 2025 ou tout début 2026 », jure cette fois le bailleur social.

300.000 euros déjà investis

En urgence, juste après le drame, 300.000 euros avaient été débloqués pour le nettoyage des suies, la décontamination des parties communes, des logements et de la façade. Les appartements souillés avaient été débarrassés et sécurisés. Des travaux de plomberie et d’électricité avaient été rapidement engagés et les ascenseurs remplacés.

Commando d’incendiaires

L’enquête ouverte pour « destruction volontaire par incendie en bande organisée et ayant entraîné la mort » et « association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée » par le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a rapidement mené à l’interpellation de quatre des cinq personnes identifiées grâce à la vidéosurveillance comme faisant partie du commando d’incendiaires. Reste maintenant à trouver le ou les commanditaires de ce feu allumé dans la cage d’escalier et qui ne visait pas la famille du 7e étage, victime collatérale du narcotrafic.