LOU BENOIST / AFP
Selon Disclose, au moins 429 femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles commises par les forces de l’ordre.
#METOO – Un phénomène systémique. Dans une enquête parue mardi 17 juin, le site d’investigation Disclose affirme avoir identifié 429 victimes de violences sexistes et sexuelles commises par des gendarmes ou des policiers. Dans une enquête distincte parue le même jour dans le journal Libération, plusieurs femmes témoignent de ces agressions.
Pendant un an, Disclose a épluché des procédures judiciaires, une décennie d’archives et presse et interrogé des victimes, avocats et policiers en partenariat avec France 2. Au terme de cette enquête, le site d’investigation a dénombré 429 victimes de policiers ou de gendarmes entre 2012 et 2025, dans 130 villes en France. Parmi les victimes, 76 % sont des femmes, 6 % sont des hommes et 18 % sont des mineurs, hommes ou femmes. Les femmes policières et gendarmes représentent près de la moitié des victimes.
Le média a également retrouvé la trace de 215 agresseurs, tous grades confondus. « Tous, sans exceptions, ont détourné les moyens de police mis à leur disposition par l’État », explique Disclose. « Ils ont utilisé les fichiers internes pour récupérer les coordonnées de leurs cibles, simulé des perquisitions, menacé avec leur arme de service, attendu leurs proies à bord d’une voiture siglée ou joué de leur statut pour imposer le silence », détaille l’enquête.
Selon Disclose ces violences visent en particulier les personnes en situation de vulnérabilité. Pour de nombreuses victimes, les agressions se sont produites alors qu’elles faisaient appel aux forces de l’ordre pour dénoncer des violences intrafamiliales ou conjugales.
C’est le cas de Valentina*, l’une des six femmes qui témoignent auprès de Libération. Intervenu à son domicile alors que son mari était ivre, un policier lui ordonne de retirer son haut, puis son soutien-gorge, son pantalon et sa culotte, prétextant devoir vérifier qu’elle n’était pas victime de violences conjugales. « Il a profité du fait que je ne parle pas très bien français et de la situation dans laquelle j’étais (…). Mon mari avait tout cassé dans l’appartement », explique cette femme originaire du Kosovo.
Cette vulnérabilité peut aussi être utilisée lorsque les victimes sont mises en cause. Angelina* se trouvait au tribunal de Toulon, dans l’attente d’une comparution immédiate, lorsqu’elle a été agressée. Après avoir appris qu’elle serait finalement placée en détention provisoire, elle demande au policier d’appeler sa fille. « Il a commencé à me toucher. J’ai dit « non, je suis désolée, je suis sale, j’ai passé la nuit en garde à vue ». Il m’a dit « bon alors, tu me suces » », raconte-t-elle. Son agresseur a été condamné en 2021 à douze ans de réclusion criminelle pour viols aggravés et harcèlement sexuel.
D’après Disclose, parmi les 215 fonctionnaires identifiés, cinq sont toujours en poste. De son côté, le ministère de l’Intérieur a affirmé qu’« une enquête est ouverte dès que l’administration a connaissance d’une plainte pour des faits de violences sexuelles ».
*Les prénoms ont été modifiés.